Les encens haut de gamme d’Awaji

© T. Joly
Dans la Mer Intérieure du Japon, l’île d’Awaji produit certains des encens les plus raffinés au monde. Quelques magasins les commercialisent en France.

[ Pratique ]

Aller à Awaji
- Vols Air France, ANA et Japan Airlines de Paris à Osaka Kansai Airport
- Bus, train ou ferry de Osaka Kansai Airport à Kobe Sannomya
- Bus pour Awaji depuis la gare routière de Kobe Sannomiya

Séjourner à Awaji
- Hôtel, restaurant, spa Parchez
Tel : 00/81-799851162
www.parchez.co.jp

Où acheter les encens d’Awaji en France
- Astier de Villatte : 173 rue Saint-Honoré, 75001 Paris
- Nose, 20 rue Bachaumont, 75002 Paris.
- Boutiques du Musée Guimet et du Musée du Quai Branly
- Plusieurs sites internet spécialisés sur l’encens ou les produits japonais
Avant de dire que vous n’aimez pas l’odeur de l’encens, essayez ceux produit sur l’île japonaise d’Awaji, près de Kobe. Dégageant des senteurs raffinés, élégantes et complexes, ils n’ont rien à voir avec les encens bons marchés aux parfums lourds et entêtants qui sont vendus dans n’importe quelle boutique orientale.
Les producteurs d’Awaji sont les héritiers d’une longue tradition remontant au VIe siècle. Quand les habitants trouvèrent du bois d’agar échoué sur une plage.



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 Une trentaine de fabricants
Ne sachant pas ce que c’était, il l’utilisèrent pour faire du feu et découvrirent ainsi avec stupeur ses propriétés odorantes. Ils en firent aussitôt don à l’Empereur initiant l’usage de l’encens au Pays du Soleil Levant. Des origines rappelées par deux temples, l’un se situant en surplomb de cette plage. Cependant, la production d’encens fut rapidement transférée à Sakai, près d’Osaka, plus proche des capitales impériales de Nara et Kyoto, et c’est dans cette ville que furent inventé les bâtonnet et les spirales d’encens. Auparavant il était façonné en forme de cône et simplement porté sur soi, dans une petite pochette.
Mais, à la fin du 19e siècle, retournement de situation, la production revint à Awaji où les vins dominant favorisent son séchage.
Au nombre d’une trentaine, les fabricants sont implantés dans le port de pêcheurs d’Ei et le village voisin de Gunge où l’odeur d’encens est omniprésente et varie d’une rue à l’autre.



Chosaku Shimomura © T.Joly
 Maîtres de l’Encens
Selon leurs senteurs plus ou moins suaves ou épicées, les spécialistes reconnaissent les yeux fermés quel Koh-shi, ou Maître de l’Encens, les a concoctés. Ce titre n’est accordé qu’aux personnes qui maîtrisent sur le bout des doigts les caractéristiques de tous les ingrédients possibles et toutes les techniques d’élaboration. A l’instar des « nez » officiant chez les parfumeurs.
Chacun a ses secrets de fabrication mais aussi et surtout des fragrances qui lui sont propres dont les compositions sont précieusement conservées sous forme d’écriture codée transmise de génération en génération. «Mon père ne me l’a dévoilée que lorsque j’ai décidé de prendre sa succession et seul un autre membre de notre famille la connait également, par sécurité», révèle Chosaku Shimomura, directeur de la société Daihatsu.
Il affirme disposer d’environ 80 formulations. La moitié provient de son grand-père, un tiers de son père tandis que les autres sont ses propres créations.



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 Un mélange d’une vingtaine d’ingrédients
«Je réfléchis tous les jours à de nouvelles mais il est très difficile de trouver le juste équilibre entre les différents composants pour avoir un encens de qualité et je ne sors pas plus d’une nouvelle fragrance par an».
Chacune est le résultat d’un subtil et savant dosage entre une vingtaine d’ingrédients et Chosaku Shimomura en utilise au total plus ou moins fréquemment une centaine. Des résines, des gommes, du bois, des écorces et des plantes séchées tels que camphre de Bornéo, bois d’agar, bois de santal, genévrier cade, cèdre, cardamone, clou de girofle, cannelle, citronnelle, vétiver et patchouli....
Quant au processus de fabrication il n’a guère évolué au fil des siècles, se fait en partie manuellement et les machines utilisées ont souvent plusieurs dizaines d’années. Réduites en poudre, bois, résines, écorces et autres matières sèches sont additionnées d’eau ainsi que de colorant si l’on veut un encens d’une teinte autre que marron.



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 Allumettes d’encens
L’ensemble est malaxé pendant quelques dizaines de minutes jusqu’à obtenir une pâte ayant la consistance de l’argile qui par moulage ou extrusion donne cônes, spirales et bâtonnets. Après 24 h de séchage ils sont prêts à être emballés.
Mais, respect de la tradition ne signifie par immobilisme, les producteurs d’Awaji innovent également. En partenariat avec un fabricant d’allumettes, Chosaku Shimomura a créé une allumette d’encens qu’il suffit de gratter pour allumer. Baptisée Hibi, elle est proposée avec diverses fragrances et se consume en une dizaine de minutes.
Ne vous inquiétez pas, nul besoin d’aller au Japon pour découvrir, apprécier et acheter ces encens haut de gamme. Ils sont disponibles dans quelques magasins parisiens et vendus sur leur site internet.


15 Juin 2020
Thierry Joly