Monuments Américains de la Grande Guerre

Monument Russel © T.Joly
Les troupes américaines ont participé à toutes les grandes batailles ayant eu lieu dans le nord-est de la France au cours de la dernière année de la Première Guerre Mondiale. De nombreux monuments et mémoriaux commémorent ces combats et les actions menées par des unités ou des soldats.

[ Pratique ]

Y aller
- Route
95 km de Paris à Château-Thierry, 145 km jusqu’à à Reims, 260 km jusqu’à Verdun par l’autoroute A 4.
Suippes est à 40 km de Reims et l’Argonne à 90 km.
Saint Mihiel est à 36 km de Verdun.
- Train
TER de Paris Gare de l’Est à Château-Thierry (45 mn)
TGV de Paris Gare de l’Est – Reims (45 mn)
TGV de Paris Gare de l’Est à la gare TGV Meuse, puis autocar pour Verdun (1 h 30 mn).
Se déplacer
Pour accéder aux champs de bataille et aux monuments, il est nécessaire d’avoir une voiture
Hôtels
- Château-Thierry
Hôtel Ile-de-France
Hôtel Campanile
- Reims
Hôtel Azur
Hôtel de la Paix
Ibis Centre
Mercure Cathédrale
- Sainte-Menehould
Le Cheval Rouge
- Sommepy-Tahure
La Source du Py
- Verdun
Hostellerie du Coq Hardi
Ibis Budget
- Vienne-le-Château
Le Tulipier
Restaurants
- Château-Thierry
La Symphonie des Saisons
Le Saint-Jean
Hôtel Campanile
- Reims
L’Assiette Champenoise
Le Café du Palais
L’Alambic
- Sainte-Menehould
Le Cheval Rouge
- Sommepy-Tahure
La Source du Py
- Verdun
Le Clapier
Hostellerie du Coq Hardi
- Vienne-le-Château
Le Tulipier
Les Sentiers Scènies de Sommepy-Tahure
Tel : 0326682164
www.sentiers-scenies.com
Centre d’Interprétation de Suippes
Tel : 0326682409
www.marne14-18.fr
Informations
- CDT de la Meuse
Tel : 0329457540
www.tourisme-meuse.com
- CDT de la Marne
Tel : 0326683752
www.tourisme-en-champagne.com
- CDT de l’Aisne
Tel : 0323277676
www.evasion-aisne.com
Si les Etats-Unis sont entrés dans la Première Guerre Mondiale en 1917, leurs troupes n’ont pas été engagées dans de grandes batailles avant 1918 car elles devaient tout d’abord être entraînées. Lorsqu’elles furent prêtes, elles ont principalement combattu dans le nord est de la France où elles ont joué un rôle décisif dans la victoire finale. Conséquence, beaucoup des monuments de cette région liés à la Grande Guerre rendent hommages aux soldats américains.


Monument de la Cote 204 © T.Joly
 Cote 204
Le premier se trouve à moins de 100 km de la capitale française. Connu sous le nom de Monument de la Cote 204, il surplombe la Marne, des vignes de l’AOC champagne et la ville de Château-Thierry. Il commémore les actions menées par les troupes américaines dans ce secteur en juin - juillet 1918 durant la Seconde Bataille de la Marne, en particulier la reprise de Château-Thierry. Constitué d’une double colonnade, il est décoré de statues représentant les Etats-Unis et la France ainsi que d’un aigle et d’une carte des opérations militaires qui se sont déroulées dans la région.
Un peu plus à l’écart de la vallée, se trouvent le village de Belleau et le bois ou les Marines connurent leur véritable baptême du feu de la Grande Guerre et établirent leur réputation de bravoure. Décrite par le Général Pershing comme la plus importante bataille menée par des forces américaines depuis la Guerre Civile, elle mit fin à la dernière grande offensive allemande de la guerre. ¬



Cimetière américain de Belleau © T.Joly
 Bois Belleau
Aprement défendu, le bois fut d’abord pris par la Deuxième Division des Marines commandée par James Harbord, puis recédé aux Allemands et encore repris par les forces américaines un total de six fois avant que les Allemands n’en soient définitivement délogés. La bataille fit rage du 6 au 26 juin et à son terme, les pertes des Marines étaient les plus élevées de l’histoire de l’unité. Pour se rendre maître de la totalité du bois, les Marines durent souvent avoir recours au corps à corps en utilisant couteaux et baïonnettes. La férocité fut telle que les allemands leurs donnèrent le surnom de « Teufel Hunden », ce qui peut se traduire par « Chiens du Diable ». D’où la tradition du corps des Marines d’avoir un bulldog comme mascotte. S’étendant autour d’une petite chapelle, le cimetière de Bois Belleau renferme les dépouilles de 2 300 soldats américains et dans le village lui-même un petit musée donne des informations sur la bataille.


Fontaine du bouledogue © T.Joly
 Fontaine du bouledogue
Parfois, la responsable emmène les visiteurs à la fameuse fontaine en forme de tête de bouledogue située dans une cour privée bordant les écuries du domaine de la comtesse de Belleau. La légende veut que tout Marines buvant l’eau de cette fontaine vivra quinze années supplémentaires !! Mais elle fut en fait édifiée avant la guerre.
Une trentaine de km au nord-est, à Féré-en-Tardenois, se trouve un autre cimetière américain où reposent 6 012 soldats qui perdirent la vie en combattant dans les alentours en 1918. À peu de distance, à Oulchy-le-Château, une émouvante sculpture de Paul Landowski rend hommage à toutes les unités alliées qui participèrent à cette bataille. Appelée « Les Fantômes », elle se dresse sur la Butte Chalmont.
Egalement dans le même secteur, dans le hameau de Chamery, près de Coulonges-Cohon, se trouve une fontaine – mémorial rendant hommage à Quentin Roosevelt qui fut tué lors d’une combat aérien le 14 juillet.



Pont Mémorial de Fismes © T.Joly
 Pont Mémorial de Fismes
Elle fut construite à la demande de sa mère qui plaça aussi une plaque en marbre sur le lieu exact où les soldats allemands enterrèrent initialement le plus jeune fils du président Théodore Roosevelt.
Quelques km plus au nord, vous atteignez Fismes où l’Etat de Pennsylvanie a érigé un pont mémorial orné de lanternes des morts ainsi que de statues de la Liberté et de la Paix qui commémore la reprise de la ville par la 28e division américaine en août – septembre 1918. Une unité qu’aurait jadis commandé le Général Custer, ce qui explique les gravures de bisons qui ornent la base des lanternes !!!
À 4 km, à Courville, dans une région où abondent les abbayes, une fontaine a été édifiée par la famille de William Russel, aviateur mort en août 1918 et enterré dans le cimetière du village.
Vous êtes à présent dans le département de la Marne, l’un des principaux champs de bataille du conflit, et, à Mondement, au sud d’Epernay, un menhir de béton ocre haut de 35 m marque l’avancée extrême de l’invasion allemande lors de la première bataille de la Marne en 1914.



Monument Farnsworth © T.Joly
 Légionnaires américains
À cette date, Les Etats-Unis n’avaient pas de troupes engagées, mais très vite des volontaires américains rejoignirent l’armée française et dans le camp militaire de Suippes se trouve un monument érigé par une famille américaine en mémoire de leur fils Henry Farnsworth et de ses camarades légionnaires qui périrent durant les combats de 1915. Votre seule chance de le voir est le 11 novembre. À l’occasion de la célébration de l’Armistice, le camp militaire est en effet parfois exceptionnellement ouvert au public qui peut aussi y découvrir les ruines de villages détruits pendant cette guerre et jamais reconstruits.
Dans le village de Suippes, un très intéressant Centre d’Interprétation présente d’ailleurs toutes les armées des Nations qui ont participé aux batailles de la région. Il donne aussi d’instructives explications sur les évolutions du front et les armes employées.



Butte de Blanc Mont © T.Joly
 Butte de Blanc Mont
Toujours dans le même secteur, s’élevait jadis une ferme appelée Navarin. S’étant trouvée au milieu de la ligne de front pendant des mois et des mois, elle fut complètement rasée et, aujourd’hui, sur le même lieu s’élève un ossuaire portant le même nom qui abrite les restes de 10 000 combattants. Il est dominé par les sculptures de trois soldats et celui de droite, armé d’une mitrailleuse, a les traits de l’aviateur Quentin Roosevelt. Un autre a le visage du Général Gouraud qui commandait ce secteur et aujourd’hui repose dans la crypte du monument car il demanda à être inhumé au milieu de ses hommes.
À l’automne 1918, les lignes allemandes furent enfoncées et les troupes américaines prirent la direction du nord. Parfois au prix de lourdes pertes, comme sur la butte de Blanc Mont, près de Sommepy-Tahure où s’élèvent maintenant un cimetière et un Mémorial en leur honneur. De son sommet se découvre un vaste panorama sur le champ de bataille et, en contrebas, il est encore possible de distinguer les anciennes tranchées allemandes.



Stèle de Freddy Stowers © T.Joly
 Conduite héroïque de Freddy Stowers
Du 26 septembre au 11 novembre, les forces américaines menèrent de grandes offensives qui conduisirent à la victoire en Argonne, une région accidentée et boisée qui s’étend sur trois département : le nord-est de la Marne, le sud-est des Ardennes et le nord-ouest de la Meuse.
Sur le territoire de Grateuil, dans la Marne, près de la ferme de Bussy, une simple stèle au milieu des champs rappelle l’héroïsme du caporal Freddy Stowers. En 1991, à titre posthume, il devint le seul soldat Noir Américain de la Première Guerre Mondiale, à avoir reçu la Médaille d’Honneur, la plus haute distinction militaire des Etats- Unis.
Ce sont les survivants de son unité, le 371e régiment d’Infanterie, qui se sont cotisés pour ériger cette stèle en mémoire de cet homme et de ses camarades morts le 28 septembre.
De violents combats s’étaient déjà déroulés dans cette région au début de la guerre et elle avait été bien fortifiée par les Allemands comme le montre le Camp de la Vallée Moreau, au nord de Vienne-le-Château, dans le bois de la Gruerie.



Bataillon perdu © T.Joly
 Bataillon perdu
À moitié enterré dans une colline, par protection contre les bombardements, il a été restauré par des bénévoles et constitue un exemple quasi unique de camps retranché. Un autre site valant une visite est le Kaiser Tunnel, un réseau de 455 m de galeries souterraines creusées par les Allemands qui abritait hôpital, centrale électrique et central téléphonique.
Un peu plus loin, entre Blainville et Charlevaux, une borne plantée sur la droite de la route indique le vallon où 8 unités de la 77e Division d’Infanterie Américaine furent encerclées par les Allemands pendant plusieurs jours et perdirent la plupart de leurs hommes. Le fameux épisode du Lost Batallion qui se déroula début octobre et fut immortalisé par un film dès 1919.
Quelques km au nord, dans les Ardennes, se trouve le lieu où le Sergent Alvin York devint l’un des héros les plus connus des Etats-Unis.



Environs de Chatel-Chehery © T.Joly
 Sergent York
C’est juste à coté du village de Chatel-Chehery où une plaque commémorative lui est dédié devant la mairie, dans un paysage vallonné et aujourd’hui paisible que le 8 octobre ce natif du Tennessee conduisit une attaque au cours de laquelle furent capturés 32 mitrailleuses et 132 allemands. Un exploit qui lui valut de devenir le soldat Américain le plus décoré de la Première Guerre Mondiale et un film tourné en 1941 raconte son histoire avec Gary Cooper dans son rôle.
À une quinzaine de km, dans la Meuse, Romagne-sous-Montfaucon abrite le plus grand cimetière militaire Américain d’Europe avec 14 246 soldats enterrés dans son enceinte dont Freddy Stowers.
À proximité, à Montfaucon d’Argonne, un monument dominé par une colonne dorique de plus de 60 m de haut et surmontée d’une statue de la Liberté commémore l’offensive américaine.



Monument de Montsec © T.Joly
 Saillant de Saint Mihiel
Auparavant, de nombreuses unités américaines engagées en Argonne avaient combattu plus à l’Est, dans les environs de Verdun, site de la plus célèbre bataille de la guerre. Plus exactement au sud de cette ville où les troupes américaines commandées par le général John Pershing reçurent pour mission de réduire le saillant de Saint-Mihier au début septembre.
Ce fut la première grande offensive menée par le corps expéditionnaire américain en tant qu’armée indépendante ainsi que la première fois que les Etats-Unis utilisèrent des tanks lors d’une bataille et le colonel Patton avait le commandement de la brigade de chars légers. L’Army Air Service, qui prit plus tard le nom d’US Air Force, joua un rôle significatif et il est également dit que c’est à l’occasion de cette bataille que les termes Jour J et Heure H furent employés pour la première fois.



Hôpital américain de Reims © T.Joly
 Donations pour la reconstruction
Un monument commémoratif s’élève sur la colline de Montsec et domine la plaine tandis qu’un cimetière militaire américain où plus de 4 000 soldats reposent en paix est situé près du village de Thiaucourt.
Mais l’aide des Etats-Unis à la France s’est poursuivi après la fin de la guerre. Dans la Marne, le village de Sommepy-Tahure a pu être reconstruit grâce aux dons qu’un des ses habitants, le lieutenant Lhuillier, est allé récolter dans plusieurs Etats de la côte Est en donnant des conférences. Dans la mairie, un petit musée rappelle cette histoire et chaque été un parcours audio vidéo nocturne à travers le village dépeint son histoire et celle de ses habitants avant, pendant et après la guerre. Autre exemple, l’hôpital pour enfants de Reims (American Memorial Hospital) a été construit dans les années 20 grâce à des fonds américains et les noms des donateurs figurent toujours dans les salles qui pour, certaines, sont décorées avec les fresques d’origine.


28 Novembre 2012
Thierry Joly