Impressionnisme et architecture moderne au Havre

MuMa © T.Joly
L’un des plus grands ports européens, Le Havre possède la seconde plus importante collection de peintures impressionnistes après Paris. Détruite pendant la Seconde Guerre Mondiale, la ville conserve peu d’édifices historiques, mais est réputée pour son architecture moderne.

[ Pratique ]

Y aller
- Route
200 km depuis Paris par les autoroutes A14, A13 et A131.
- Train
Train Intercités de Paris Saint-Lazare au Havre. Le trajet dure 2 h.
- Ferry
Ferry Le Havre - Portsmouth
Se loger
Art Hôtel
Oscar Hôtel
Hôtel Vent d’Ouest
Hôtel Pasino
Hôtel Carmin
Novotel Le Havre Bassin Vauban
Restaurants
Le Lyonnais
Le Roi Léopold à Sainte-Adresse
La Voile Bleue
Le Bistrot d’Antan
Taverne Paillette
Jean Luc Tartarin
Closerie des Grands Bassins
La Petite Auberge
Appartement Témoin
181 rue de Paris, 76000 Le Havre
Visites guidées les mercredis, samedis et dimanches à 14 h, 15 h, 16 h et 17 h
Entrée : 3 €, gratuit pour les moins de 26 ans
Tel : 0235223122
Hôtel Dubocage de Bléville
1 rue Jérome Bellarmato
Ouvert le mercredi de 14 h à 18 h, du jeudi au lundi de 11 h à 12 h 30 et de 13 h 30 à 18 h.
Entrée : 5 €
Tel : 023542270
Maison de l’Armateur
3 quai de l’Ile
Ouvert le mercredi de 14 h à 18 h, du jeudi au lundi de 11 h à 12 h 30 et de 13 h 30 à 18 h.
Entrée : 5 €, gratuit pour les moins de 26 ans
Tel : 0235190985
MuMa
2 boulevard Clémenceau
Ouvert tous les jours sauf le mardi de 11 h à 18 h, jusqu’à 19 h le samedi et le dimanche.
Entrée : 5 €, gratuit pour les moins de 26 ans
Tel : 0235196262
Jardins Suspendus
Ouvert tous les jours de 10 h 30 à 20 h d’avril à septembre, de 10 h 30 à 18 h en mars et octobre, de 10 h 30 à 17 h de novembre à février.
Entrée libre
Informations
- CDT de Seine-Maritime
0235121010
www.seine-maritime-tourisme.com
- Office de Tourisme du Havre
Tel : 0232740404
www.lehavretourisme.com
Situé sur la rive droite de l’estuaire de la Seine, Le Havre est une cité relativement jeune fondée en 1517 par le roi François 1er pour prendre la suite du port voisin de Harfleur qui s’envasait. Initialement baptisé « Le Havre de Grâce », d’où son nom actuel, ce fut d’abord un port militaire mais il prospéra rapidement grâce au commerce avec les Amériques. C’est de là qu’en 1604, Samuel Champlain appareilla pour son second voyage en Amérique du Nord au cours duquel il fonda les premières colonies au Canada.


Hötel Dubocage de Bléville © T.Joly
 Demeures historiques
À la fin du 18e siècle, c’est encore du Havre que partait l’essentiel de l’approvisionnement destiné aux insurgés américains durant la Guerre d’Indépendance. Puis, ce fut à partir du milieu du 19e siècle l’un des principaux ports européens pour le trafic transatlantique de marchandises et de passagers. De célèbres paquebots comme la Normandie et le France y accostaient régulièrement avec à bord des célébrités telles que Alfred Hitchcock, Ernest Hemingway ou Salvador Dali. De nos jours, une centaine de bateaux de croisières font chaque année escale dans le port.
Deux demeures historiques situées sur les quais témoignent de ce riche passé maritime. L’une est l’Hötel Dubocage de Bléville, bâtiment du 17e siècle portant le nom d’un puissant armateur qui, en 1711, découvrit l’île de la Passion, ensuite rebaptisée île de Clipperton par les Anglais. Transformé en musée, il renferme une collection éclectique d’objets anciens, un peu comme un cabinet de curiosités.



Maison de l’Armateur © T.Joly
 Maison d’armateur
Il évoque aussi le développement du Havre en liaison avec les progrès de la navigation et des sciences. La seconde est la Maison de l’Armateur, un édifice de quatre étage construit à la fin du 18e siècle dont l’intérieur est très insolite car les pièces se succèdent en plan rayonnant autour d’un puit de lumière. Certaines ont été aménagées et meublées de manière à reconstituer les appartements, le cabinet de travail et la bibliothèque d’un riche négociant havrais tandis que d’autres rassemblent des objets et des documents sur l’histoire de la ville et de son port.
À proximité, allez également voir le Salon des Navigateurs, à la fois un salon de coiffure et un musée présentant des anciens ustensiles de coiffure ainsi que des objets de marine. Vous pouvez y aller uniquement pour visiter ou vous faire coiffer au milieu de matériels de coiffure d’antan, de maquettes de bateaux, d’uniformes de marins, de pièces de paquebots et bien d’autres curiosités.



Mairie © T.Joly
 Un exemple unique d’architecture d’après-guerre
Hormis l’église Saint-François et la cathédrale Notre-Dame, mélange de styles gothique et Renaissance, la ville ne recèle pratiquement aucun autre monument historique. Durant la Seconde Guerre Mondiale, elle a en effet subi pas moins de 146 bombardements dont 132 par les Alliés. Les derniers effectués par les Anglais entre le 5 et le 13 septembre 1944 pour déloger les Allemands furent si violents qu’ils ne laissèrent pratiquement aucun édifice debout entre la gare et le front de mer, distant de 2 km !!!
La reconstruction du centre ville fut confiée à l’atelier de l’architecte Auguste Perret, surnommé le « magicien du béton armé », et dura de 1945 à 1964. Par sa cohérence architecturale et de sa superficie, 150 ha, ce quartier constitue un exemple unique d’architecture et d’urbanisme d’après-guerre et pour cette raison il a été inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco en 2005. Composé de tours, d’immeubles de 3 à 5 étages et de petites places arborées, il comprend quatre sites majeurs.



Eglise Saint-Joseph © T.Joly
 Chef d’oeuvre de l’architecture en béton
L’hôtel de ville, composée d’un immeuble avec une façade à colonnade et d’une tour de 70 m de haut ainsi que la vaste place où elle s’élève. L’avenue Foch, artère principale du quartier dite plus large que les Champs-Elysées, qui mène à la Porte Océane où deux tours de 13 étages font face à la mer et symbolisent les portes de la ville. L’église Saint-Joseph, dédiée à la mémoire des victimes des raids aériens, un chef d’oeuvre de l’architecture en béton dont le clocher de 107 m de haut domine la ville et qui est illuminée par la lumière naturelle passant à travers près de 13 000 cubes de verre colorés. Ne manquez pas non plus de visiter l’appartement témoin. Comprenant cinq pièces, il est similaire à celui présenté à l’exposition de 1947 sur les projets de relogement des sinistrés et donne un aperçu des intentions de l’architecte de créer un appartement à la fois rationnel et modulable.


Appartement témoin © T.Joly
 Appartement témoin
Il contient des objets quotidiens ainsi que des meubles épurés et fonctionnels créés par les décorateurs d’intérieur d’après-guerre René Gabriel, Marcel Gascoin et André Beaudoin et permet de voir l’esprit de rationalisation, la flexibilité des espaces et la modernité caractérisant le travail d’Auguste Perret. À côté, une maison du patrimoine procure des informations supplémentaires sur l’œuvre de Perret.
Mais l’architecture moderne au Havre ne se limite pas à ses bâtiments. Surnommé le Volcan en raison de sa forme, le Centre des Arts a ainsi été créé par l’architecte brésilien Oscar Niemeyer, le concepteur de Brasilia. En face, l’un des plus vieux bassins du port est enjambé par une élégante passerelle réalisée en 1969 par l’architecte Guillaume Gillot et sur les quais l’ancienne bourse, aujourd’hui le casino, est l’œuvre d’Otello Zavaroni en 1957. En 2012, a été inaugure un stade au style futuriste, le Stade Océane,. En 2010, une cité universitaire baptisée « Cité A Docks » a été construite avec des conteneurs par l’architecte italien Alberto Cattani.



Bains des Docks © T.Joly
 Superbe complexe aquatique
Ensemble de bâtiments en briques et en bois reliés entre eux par des cours couvertes de verrières à l’origine destinés au stockage du café, du tabac et du coton importés, les Docks Vauban datant de la fin du 19e siècle et du début du 20e ont été transformés en un centre commercial moderne. Ils sont situés entre les bassins Vauban et Vatine, où sont amarrés les bateaux de plaisance, et dans le même secteur se trouve ce qui est probablement l’une des plus belles créations de l’architecte Jean Nouvel, les Bains des Docks. Selon lui inspirés du concept des thermes romains, ce complexe aquatique sobre et épuré aux teintes pastels réunit une piscine olympique extérieures, des bassins intérieurs avec jacuzzis et jeux d’eau, un espace fitness et un espace bien-être avec hammam. Enfin, faisant face à l’entrée du port, le Musée d’Art Moderne André Malraux est un bel édifice de verre, d’acier et d’aluminium inauguré en 1961 et alors la première maison de la culture de France.


MuMa © T.Joly
 Un musée aux riches collections
Grâce à plusieurs donations, il possède désormais plus de 250 peintures impressionnistes, la seconde plus importante collection après le musée d’Orsay, des centaines d’œuvres d’Eugène Boudin ainsi que des dizaines de toiles de Raoul Dufy et des artistes Fauves. Si ce musée a une telle collection c’est en partie parce que plusieurs riches armateurs havrais de la fin du 19e siècle et du début du 20e siècle furent également des amateurs d’art avertis et constituèrent d’importantes collections privées. Par ailleurs, comme il existait une ligne de chemin de fer entre Paris et Le Havre depuis 1847, de nombreux peintres impressionnistes visitèrent la ville. En particulier Claude Monet dont la tante y habitait et il réalisa sa célèbre toile « Impression Soleil Levant » sur les quais du port. Une autre source d’inspiration favorite des artistes était la plage de galets que la ville partage avec la station balnéaire adjacente de Sainte-Adresse.


Sainte-Adresse © T.Joly
 Station balnéaire
Lieu très à la mode fin 19e - début 20e, elle conserve quelques villas Belle Epoque entourées de jardins. Un grand nombre ont toutefois été détruites pendant la guerre et ont été remplacées par des maisons modernes. La station s’achève au pied de spectaculaires falaises et il y a de très beaux points de vue sur la plage et Le Havre depuis les hauteurs ainsi que depuis le Fort de Sainte-Adresse. Construit au 19e siècle dans le style Vauban, désaffecté depuis 1945, il abrite désormais les Jardins Suspendus. Aménagés sur ses bastions et dans des serres occupant sa cour intérieure, ils rendent hommage aux explorateurs normands qui ont introduit en Europe de nombreuses espèces botaniques. Ils rassemblent des plantes du monde entier, en particulier des régions australes, d’Extrême Orient et d’Amérique du Nord.
De là, le centre historique du Havre semble fort éloigné, mais un funiculaire permet aux piétons de l’atteindre très rapidement.



Pêcheurs Le Havre © T.Joly
 Coquilles Saint-Jacques fraîches
Pour terminer votre visite, si vous voulez avoir une idée à quoi la ville ressemblait avant les bombardements, allez dans ses faubourgs pour vous promener dans l’ancienne Harfleur. Un itinéraire balisé permet de découvrir des maisons des 15e, 17e et 18e siècles ainsi qu’une des plus beaux édifices religieux de Normandie, l’église Saint-Martin bâtie entre le 13e et le 16e siècle, un petit château de brique et de pierre du 17e siècle qui est aujourd’hui l’hôtel de ville et le Musée du Prieuré installé dans une ancienne auberge du 15e siècle qui renferme des céramiques et des verreries d’époque romaine ainsi que de l’art contemporain.
Et si vous êtes un gourmet, avant de quitter Le Havre, retournez près de la Maison de l’Armateur où des stands de pêcheurs vendent des poissons et des coquilles Saint-Jacques fraîchement pêchés et bon marché.


26 Janvier 2013
Thierry Joly