Açores, jardin d’Eden dans l’Atlantique

Pico ©T. Joly
Côtoyer baleines et dauphins. Voir les forces de la Terre à l’œuvre. Randonner dans des paysages grandioses. Aux Açores la nature est reine. Un écrin de verdure et de fleurs où se nichent de pittoresques villages et des villes coloniales.

[ Pratique ]

- Y aller
La compagnie aérienne portugaise TAP a des vols quotidiens vers les îles de Sao Miguel, Terceira et Faial, tous avec escale à Lisbonne.
www.flytap.com
- Climat
Tempéré avec des températures ne dépassant pas 25°C en été et rarement inférieures à 12°C en hiver. Précipitations voisines de 1 000 mm par an. Tempêtes plus fréquentes en janvier – février.
- Décalage horaire
- 2 heures
- Meilleure période
Avril à octobre
- Hébergement
Sao Miguel, Faial, Terceira, et Pico disposent de très bons hôtels 3 et 4* ainsi que des hôtels de charme installé dans d’anciens châteaux ou forteresses. La majorité sont situés dans les principales villes. Ailleurs il existe des chambres d’hôtes, liste sur www.casasacorianas.com
Horta : Hôtel do Canal, Pousada da Forterezza
Pico : Hôtel Aldeia da Fonte
Ponta Delgada : Hôtel Avenida
Angra do Heroïsmo : Hôtel Angra Garden, Pousada Forte Sao Sebastiao
- Gastronomie
Les Azores ont de délicieux plats de poissons et de viandes ainsi que de nombreux fromages.
- Se déplacer
Toutes les îles sont reliées entre elles par avions et par ferries.
Pour visiter les îles le mieux est de louer une voiture
- Bon à savoir
De nombreux Açoriens parlent anglais.
- Tour opérateurs
Estrela, Donatello, Euro Pauli, Club Aventures, Allibert, Terre d’Aventures, Nomades.
Compter 1 300 à 1 400 € pour un circuit de 8-9 jours en pension complète.
- Informations
Office de Tourisme du Portugal
135 bld Haussmann, 75008 Paris
Tel : 0811653838
www.visitportugal.com
Posé sur les flots de l’Atlantique à 1 200 km de Lisbonne et 2 400 km des Etats-Unis, l’archipel portugais des Açores est le plus à l’Ouest des territoires Européens. Constitué de neuf îles, il est né de l’activité volcanique qui s’y manifeste toujours par des geysers, des boues bouillonnantes, des sources d’eau chaudes et des fumerolles.


Siete Cidades © T.Joly
 Paysages spectaculaires
Des phénomènes qui ont créé des paysages spectaculaires et parfois sauvages. Falaises hautes d’une centaine de mètres, criques rocheuses et côtes déchiquetées sur le littoral. Montagnes dénudées et escarpées, coulées de lave noire et lacs de cratères dans l’intérieur des terres. Une rudesse atténuée par une végétation abondante et colorée qui mêle espèces endémiques et plantes importées. Jamais très chaud ou très froid, le climat convient en effet à toutes sortes de végétaux. Ainsi trouve-t-on aux Açores aussi bien de la vigne que des théiers, des hortensias, des azalées, ou des cryptomerias du Japon.
De quoi ravir tous les amoureux de la nature ainsi que les randonneurs. Mais les bons vivants y prendront aussi beaucoup de plaisir car la population est accueillante et la nourriture copieuse et succulente.



Teirceira © T.Joly
 A l’écart du monde
Mais la situation géographique fait que l’archipel reste un peu à l’écart du monde et pas encore très touristique. Cependant, cela n’a pas toujours été le cas. Pendant des siècles, ces îles ont été un point de ravitaillement incontournable pour les bateaux traversant l’océan. D’ailleurs, les plaisanciers y font toujours halte. Plus près de nous, jusque dans les années 50 les avions effectuant des vols transatlantiques devaient aussi y faire escale. Et c’est là que s’écrasa celui qui ramenait de New York le boxeur français Marcel Cerdan, le grand amour d’Edith Piaf. Une histoire évoquée dans La Môme, le film distingué par un Oscar. De plus, à partir du 18e siècle, Anglais et Américains vinrent y chasser la baleine et le cachalot, vite imités par les locaux qui ne cessèrent cette activité qu’en 1984.


Faial © T.Joly
 Villages pittoresques
De nos jours, il n’y a plus que les touristes qui pourchassent ces mammifères marins et les dauphins qui passent dans les parages. Pour les observer et les photographier. Mais ce n’est pas le seul attrait de la mer. Sous l’eau, des bancs de poissons colorés, des grottes et des fonds marins accidentés attendent les plongeurs. Quant à la côte, elle abrite quelques plages de sables et de curieuses piscines naturelles aménagées au milieu de chaos rocheux. Pas suffisant pour envisager un séjour balnéaire, mais bien assez pour une journée ou quelques heures de baignade et de bronzage entre deux randonnées ou visites culturelles. Car il existe un grand nombre de monuments et de villages pittoresques dont le style traduit les influences du passé et l’origine des colons qui ont peuplés chacune des îles. La plupart des touristes visitent toutefois rarement l’ensemble de l’archipel et se rendent principalement sur quatre îles.


Furnas © T.Joly
 Lacs de cratères
La plus grande est Sao Miguel. Elle est aussi la plus peuplée et abrite la moitié des 240 000 habitants de l’archipel. Sa particularité est de recéler de superbes lacs de cratère. Le Lagoa do Fogo, niché à 900 m d’altitude au milieu de sommets dénudés et déchiquetées souvent enveloppés de brume. Les Lagoas de Sete Cidades, l’un bleu turquoise et l’autre vert émeraude, qui sous le soleil étincellent comme deux joyaux. Le Lagoa das Furnas, au cœur d’une zone riche en geysers, mares de boues bouillonnantes et sources d’eau chaude à l’odeur de souffre. L’un des hauts lieu de la gastronomie Açorienne car les restaurants locaux y font mijoter leurs pots au feu pendant 5 à 6 heures dans la terre brûlante. Un vrai délice. S’y ajoutent des sources thermales dont on peut profiter dans le bassin aux eaux chaudes et ferrugineuses qui se trouve au milieu de la végétation tropicale du parc Terra Nostra.
Montagneux et très rural, l’intérieur des terres fait également parfois penser à la Suisse par ses pâturages verdoyants et ses vaches laitières. Mais cette activité agricole traditionnelle coexiste avec des productions plus exotiques de bananes, d’oranges, de thé et d’ananas, ces deux dernières étant uniques en Europe.



Ponta Delgada © T.Joly
 La capitale des Açores
Fait d’une succession de falaises, de baies abrités, de criques rocheuses et de rares plages, le littoral concentre la majorité de la population qui vit dans des villages agricoles ou de petits ports de pêche. Deux villes nées aux premiers temps de la colonisation possèdent de nombreux édifices historiques. Ribeira do Grande et Villa Franca do Campo qui fut la première capitale de l’ïle. Un titre qui au 16e siècle passa à Ponta Delgada dont le port était devenu un lieu de ravitaillement pour les navires allant vers le Nouveau Monde et un grand centre d’exportation. Avec 60 000 habitants c’est la seule grande agglomération des Açores et le siège du gouvernement régional. Elle conserve néanmoins une atmosphère détendue et provinciale ainsi qu’un beau centre historique où s’élèvent palais, maisons seigneuriales et édifices religieux des 17e et 18e siècles. Parmi eux, le Couvent de l’Espéranca conserve le Santo Cristo dos Milagros, une statue de bois habillée de vêtements rouges rehaussés de fils d’or et de diamants. Le 5e dimanche après Pâques, la procession qui la conduit à travers les rues est le plus grand événements religieux des Açores et traduit l’importante place qu’y occupe encore le Christianisme.


Angra do Heroismo © T.Joly
 Ville historique
Troisième île à avoir été colonisée, Terceira abrite la plus ancienne ville de l’archipel, d’Angra do Heroïsmo, à une époque la plus importante de et sans hésitation la plus belle. La presqu’île fortifiée de Monte Brasil, qui protège son port, en donne une vue sans égale. Classé au Patrimoine Mondial de l’Unesco, le centre historique conserve son aspect des 16e et 17e siècles avec de nombreux bâtiments aux balcons en bois ou en fer forgé mêlant influences architecturales portugaises et brésiliennes. Autre exemple de ces échanges, la cathédrale renferme un étonnant autel en argent massif gravé provenant Amérique du Sud. Particulièrement animée au moment de la Saint Jean, le point d’orgue d’une semaine de Fêtes, Angra possède comme toutes les villes et villages de l’île, un ou plusieurs imperios. Des chapelles dédiées au culte du Saint Esprit dont les façades sont parfois richement décorées et très colorées. Une spécificité de Terceira, comme l’église gothique de Sao Sebastiao toujours ornée de ses fresques d’origine.


Sao Matteus © T.Joly
 Villages de pêcheurs
Tout près de là, la seconde ville de l’île, Praia da Vittoria, combine patrimoine architectural et l’une des plus agréables plages de sable de l’archipel. Ponctué de petits villages de pêcheurs dont le plus pittoresque est San Matteus, le littoral est toutefois surtout constitué de falaises et de côtes rocheuses où quelques piscines naturelles permettent de se baigner en toute sécurité. A Biscoïtos, l’une d’entre elles fait face à des vignes plantées entre des murets de blocs de laves qui donnent d’excellents vins. Une exploitation viticole dotée d’un musée permet de les goûter. Peu peuplé, l’intérieur de l’île est dédié à l’élevage de vaches laitières ou de taureaux gardés dans de petites prairies. Un paysage qui, du sommet de la Serra do Cume, prend l’allure d’une mosaïque de verts. Enfin, autre curiosité de cette île, à l’Algar do Carvao il est possible de s’enfoncer à 100 m sous terre en empruntant une ancienne cheminée de volcan. Une rareté car normalement elles restent obstruées par la lave ou s’effondrent.


Capelhinos © T.Joly
 Jeune volcan
Faial est l’île qui a connu l‘éruption volcanique la plus récente. C’était en 1957 – 1958 quand le Capelhinos est sorti de l’eau après des mois d’activité sismique durant lesquels projections de cendres et de roches ont détruit les villages voisins. Un cataclysme qui a poussé de nombreux habitants de l’archipel à émigrer. Notamment aux Etats-Unis où une communauté açorienne forte de plusieurs centaines de milliers de personnes vit au nord de la côte Est. Cinquante ans après, la végétation ne fait que timidement son retour autour du volcan et c’est un paysage à la fois lunaire et désertique qui se découpe sur le fond bleu de l’océan. Un fort contraste avec le reste de l’île, couvert de collines herbeuses quadrillées de haies d’hortensias. Et de çi de là apparaissent des moulins à l’allure nordique qui rappellent l’origine flamande des premiers colons.


Horta © T.Joly
 Galerie d’art à ciel ouvert
Mais Faial est surtout connu dans le monde pour son port, Horta, l’escale préférée et mythique des plaisanciers traversant l’Atlantique à la voile. La tradition veut qu’ils immortalisent leur passage en peignant une fresque sur les murs de sa marina ainsi devenue au fil des ans une galerie d’art naïf et d’ex-voto à ciel ouvert. Tous ces skippeurs se retrouvent autour d’un verre au Peter’s bar, qui a acquis sa renommée en faisant jadis également office de poste restante, de point de ravitaillement et de bureau de change. Un lieu chaleureux et convivial rempli de souvenirs de marins et qui possède aussi un petit musée abritant une étonnante collection de scrimshaws, des dents de cachalot gravées.


Pico © T.Joly
 L’île sauvage
Depuis Horta, il ne faut qu’une quarantaine de minutes de ferry pour accéder à l’île la plus sauvage des Açores, Pico. Portant le même nom, le volcan qui la domine est le plus haut sommet du Portugal avec 2 351 m. Couvert de forêts denses jusqu’à 1 500 m d’altitude, puis d’arbustes, il n’offre plus qu’un sol de lave dénudé parfois recouvert d’un peu de neige près de son cratère. Sur l’étroite plaine côtière, les coulées successives de lave noire ont créé un relief accidenté ainsi que des grottes et des tunnels qui se prolongent jusque dans l’océan. Un décor sombre et dramatique lorsque le temps est nuageux. D’autant plus que cette roche basaltique est utilisée aussi bien pour bâtir les maisons que pour édifier des murets qui divisent les vignes en de minuscules parcelles afin de les protéger du vent et des embruns marins. Une création agricole si étonnante qu’une partie du vignoble est inscrite au Patrimoine Mondial de l’Unesco !! Ce qui n’empêche pas les habitants de continuer à produire un excellent vin liquoreux jadis mondialement connu, le verdhelo.


Pico © T.Joly
 Un rivage rocheux
Dotée d’un rivage rocheux peu hospitalier et de terres agricoles ingrates, Pico est aussi l’île où la chasse à la baleine dura jusqu’à son interdiction en 1984. Une activité que rappellent et expliquent deux sites. L’ancienne usine de Sao Roque qui contient toujours les immenses cuves où le blanc de baleine était transformé en huile. Le Musée des Baleiniers de Lajes qui retrace la vie des pêcheurs avec des embarcations, des objets usuels et des photos retrace la vie des pêcheurs. Quant aux anciennes tours de vigie parsemant la côte jadis utilisées pour repérer les cétacés, elles ne sont plus utilisées que par les propriétaires de bateaux qui emmènent les touristes en mer pour observer ces animaux.


Sao Matteus © T.Joly
 Oasis de tranquillité
Qui dispose encore de temps peut explorer les îles restantes. Corvo et Flores, isolées et sauvages, autrefois repaires de pirates. Des paradis pour les randonneurs, comme Sao Jorge, réputée pour ses fromages. Quant à Santa Maria et Graciosa, elles ont en commun d’être des oasis de tranquillité à l’atmosphère hors du temps et la première possède les plus belles plages de l’archipel. Mais, si le climat des Açores est doux, il est aussi très changeant, et les quatre saisons peuvent se succéder en une journée.
De même des tempêtes ou de gros grains peuvent-ils survenir à tous moments de l’année hormis en été. Il est alors possible de se retrouver bloqué un ou deux jours dans une île. L’occasion de rencontres imprévues et de s ‘imprégner encore plus de l’atmosphère locale. Voyager aux Açores c’est aussi cela.


13 Mars 2012
Thierry Joly 





[ Baleines ]

Les Açores sont souvent citées par les spécialistes parmi les 10 meilleurs lieux au monde pour observer les baleines et sont même parfois placées dans les trois premiers. La meilleure saison va de la mi-avril à septembre et les chances de voir ces énormes mammifères sont principalement dictées par le temps. Plus il est calme, mieux c’est. Les cachalots sont les cétacés les plus grands et les plus nombreux dans ces eaux, mais il y en a bien autres car 24 des 80 espèces de baleines au monde sont fréquemment observées. De plus il est aussi possible de voir de nombreux dauphins.
Les îles offrant des excursions en mer à la journée ou à la semaine pour voir ces animaux sont Sao Miguel, Pico et Faial. Elles se font à bord de petits bateaux gonflables à coque rigide qui approche jusqu’à 50 m des animaux. Ils sont guidés depuis la côte par des surveillants placés dans les tours de vigie qui repèrent les baleines avec des jumelles.