Le renouveau des vins de Moselle

© JC Kanny Moselle Tourisme
Appellation la plus septentrionale de France, l’AOC Moselle recèle d’excellents vins rouges et blancs, mais ils sont difficiles à trouver en dehors de la région. Une bonne raison pour aller sur place et rendre visite aux vignerons qui produisent aussi des vins effervescents.

[ Pratique ]

Y aller
- Route
330 km de Paris par les autoroutes A4 et A31.
- Train
TGV de Paris Est à Metz. Le trajet dure environ 1 heure et 20 minutes.
Se loger
Hôtel de la Cathédrale, à Metz
La Citadelle, à Metz
Ibis Centre, à Metz
Les Tuileries, à Fey
Au Relais du Château Mensberg, à Manderen
Restaurants
Le Magasin aux Vivres, à Metz
Les Tuileries, à Fey
La Vigne d’Adam, à Plapeville
Le Lion d’Or, à Ancy-sur-Moselle
La Vieille Porte, à Sierck-les-Bains
Le Château Fort, à Sierck-les-Bains.
Au Val Sierckois, à Montenach
Restaurant Olmi, à Petite-Hettange
Le Vic Tu Ailles, à Vic-sur-Seille
Se déplacer
Il est nécessaire d’avoir une voiture pour se rendre dans les domaines viticoles.
Informations
- Moselle Tourisme
Tel : 0387215390
www.moselle-tourisme.com
Non, vin de Moselle ne signifie pas obligatoirement vin luxembourgeois ou allemand. En France aussi, la vigne est cultivée dans la vallée de ce fleuve et une AOC Moselle a vu le jour fin 2010. Elle est attribuée aux vins produits dans le département du même nom à partir de certains cépages. Des rouges élaborés avec du Pinot Noir. Des rosés issus de Pinot Noir et de Gamay, ce dernier ne devant pas compter pour plus de 30%. Des blancs mono-cépages faits avec de l’Auxerrois, cépage créé près de Metz au début du 20e siècle, du Pinot Gris ou du Muller-Thurgau, cépage d’origine suisse qui n’est pas cultivé ailleurs en France.


© T. Joly
 Production confidentielle
Des blancs d’assemblage constitués d’au moins 50% d’Auxerrois associé avec au moins deux autres variétés choisies parmi Pinot Gris, Muller-Thurgau, Pinot Blanc, Meunier, Riesling et Gewurztraminer. Quelques vignerons produisent en outre des rouges à partir de Gamay alors vendus sous l’appellation « Vin de France ».
Moins riches en sucres résiduels que ceux produits dans les pays voisins, ces vins sont aujourd’hui d’excellente qualité comme le prouve l’attribution de l’AOC mais leurs prix restent raisonnables : souvent en dessous de 10 € la bouteille. Malgré cela, ils sont peu connus en dehors de la région car la production est confidentielle. Pas plus de 500 000 bouteilles par an, soit moins que certains domaines du Bordelais ou du Languedoc. Très morcelé, planté sur des coteaux exposés sud ou sud-est, le vignoble ne couvre en effet que 64 ha répartis dans trois régions bien distinctes.
De plus, une dizaine d’ha est utilisée pour produire des vins mousseux issus de Pinot Blanc vendus sous l’appellation « Vin de France ».



© T. Joly
 Route des vins
Mais les vignerons locaux espèrent obtenir bientôt une AOC « Crémant de Lorraine ». Voir autant de vignes dans ce département était toutefois encore inespéré il y a quelques années car la superficie était tombé de plus de 6 000 ha au 19e siècle à moins de 10 ha au début des années 80.
Les domaines viticoles sont donc peu nombreux et de petites tailles, ayant de moins de 1 ha à 13 ha de vignes. Ils sont néanmoins faciles à trouver grâce à une Route des Vins récemment créée par le CDT du département. La majorité sont situés dans le Pays Messin, dans un rayon de 20 km autour de Metz, la région où le renouveau de la viticulture en Moselle est le plus sensible. En particulier dans le Val de Metz, nom donné à la rive gauche de la Moselle qui est jalonnée de pittoresques villages souvent dominés par des églises fortifiées construites entre le 14e et le 16e siècle où les villageois pouvaient se réfugier en cas de danger tels Lorry-les-Metz, Norroy-le-Veneur, Sauny et Ancy-sur-Moselle.



Marie-Geneviève Molozay © T. Joly
 Château de Vaux
À Scy-Chazelles, il est également possible de visiter la maison – musée de Robert Schumann, l’un des pères de l’Union Européenne, et non loin de là, à Gravelotte, un musée est dédié à la guerre franco prussienne de 1870. Plantées sur des terrasses calcaires, les vignes sont souvent situées au-dessus de ces villages où de nombreuses maisons anciennes aux caves voûtées rappellent que la production de vin a été l’une de leur principale ressource de l’époque romaine jusqu’à la fin du 19e siècle.
Domaine le plus réputé de la région, le Château de Vaux se trouve dans le village du même nom. Il a été fondé en 2001 par Marie-Geneviève et Norbert Molozay, œnologues qui ont travaillé en Australie, aux Etats-Unis et dans plusieurs régions françaises avant de décider de s’installer en Moselle convaincus que ce terroir pouvait donner de grands vins. Conduisant leurs 12,5 ha de vignes en biodynamie, utilisant en partie des fûts en chêne mosellan pour ajouter à la typicité, ils ont réussi leur pari.



© T. Joly
 Exportations aux Etats-Unis
Leurs vins rouges et blancs figurent désormais à la carte de quelques-uns des meilleurs restaurants de France et sont exportés dans divers pays dont les Etats-Unis et la Grande-Bretagne. Ne manquez pas de goûter les cuvées Pylae, Septentrion, Les Gryphées et Les Clos.
Signe encourageant pour l’avenir de l’appellation, des jeunes vignerons s’installent également. A Ancy-sur-Moselle, Eve Maurice a ainsi pris la succession de son père à la tête du Domaine des Béliers, planté de nouvelles vignes et créé de nouvelles cuvées saluées par les critiques.
Si vous avez le temps, allez également sur la rive droite, à Marieulles, pour visiter le domaine Oury-Schreiber dont les vins et en particulier les mousseux sont parmi les meilleurs de l’appellation. Il a été fondé en 1991 par Pascal Oury, un vigneron originaire de Champagne qui a été l’un des grands artisans de ce renouveau. Il est récemment décédé, mais sa femme et ses enfants poursuivent la production de vins de qualité.



© JC Kanny Moselle Tourisme
 Près de l’Allemagne et du Luxembourg
Dans le village voisin de Fey, le domaine de Sommy a une histoire originale. Il appartient en effet à Bernard Grandidier, un céréalier qui a choisi de se diversifier dans la viticulture. Avec succès car ses vins sont régulièrement primés dans les concours.
La seconde zone de production est le Pays des Trois Frontières, à 50 km au nord de Metz, ainsi nommé car France, Luxembourg et Allemagne y ont des frontières communes. Les vignes s’étendent sur les coteaux bordant la Moselle autour des villages de Haute-Contz, Sierck-les-Bains et Contz-les-Bains. Dans ce dernier, un musée aménagé dans une ancienne maison de vigneron présente des outils jadis utilisés dans les vignes et évoque la longue tradition viticole de la région. De nos jours, il reste encore 80 hectares de vignes, mais les 3/4 appartiennent à des vignerons luxembourgeois et allemands qui, après la vendange, emmènent le raisin dans leur pays. Un héritage incongru de l’histoire sans doute unique en Europe.



© JC Kanny Moselle Tourisme
 Vigneron et distillateur
Les 20 hectares restants sont répartis entre quatre domaines français, le plus grand étant le Domaine du Stromberg de Jean-Marie Leisen, qui utilise lui aussi des fûts de chêne mosellan. Il a la particularité d’être également distillateur et produit donc des vins excellents (Pinot Noir, Muller-Thurgau, Auxerrois) ainsi que des eaux de vie de fruits, notamment de mirabelle, fruit emblématique de Lorraine. Il fait même du whisky pur malt !!! Si vous voulez avoir une vue panoramique du vignoble et de la colline de Stromberg, l’un des meilleurs terroirs, allez au château des Ducs de Lorraine, édifice médiéval qui domine Sierck-les-Bains. Ce village mérite une visite car il recèle des maisons du 16e et 17e siècles et des vestiges de ses fortifications.
Enfin, le troisième et le plus petit secteur viticole du département est bien plus en amont sur la Moselle, 50 km au sud-est de Metz, près de Vic-sur-Seille. Mais il n’y a que quelques hectares de vignes et un seul producteur, le Domaine Dietrich-Girardot. Quoique son Muller-Thurgau est un délice, c’est peu pour faire un tel détour. À moins que vous ne soyez un amateur d’art car cette petite ville abrite un musée dédié à George de la Tour, l’un des plus grands peintres français du 17e siècle.


14 Mai 2014
Thierry Joly