L’un des plus étonnants musées de France est caché dans la banlieue parisienne derrière les murs de l’Ecole Vétérinaire de Maisons-Alfort. Dédié à l’anatomie et à la zoologie, il abrite des monstruosités ainsi que d’incroyables corps disséqués et momifiés qui observent les visiteurs dans des poses théâtrales.
[ Pratique ]
- Y aller Ligne 8 du métro. Station Maisons-Alfort / Ecole Vétérinaire.
Navette fluviale Voguéo de Paris Gare d’Austerlitz à Maisons-Alfort / Ecole Vétérinaire.
- Dates et heures d’ouverture Ouvert mercredi, jeudi, samedi et dimanche de 14 h à 18 h.
- Tarifs Musée : 7 €, audio guide inclus. Gratuit pour les - de 26 ans.
Jardin Botanique : uniquement ouvert à certaines dates pour des visites de groupes. Renseignements : 0143967362.
- Informations CDT du Val de Marne
Tel : 0155091620, www.tourisme-valdemarne.com
Musée de l’Ecole Vétérinaire de Maisons-Alfort
7 Avenue du Général de Gaulle, 94700 Maisons-Alfort
Tel : 0143967100 musee.vet-alfort.fr
Renfermant des collections d’anatomie humaines et animales, de zoologie et de pathologie, le musée de l’école vétérinaire de Maisons – Alfort n’est ni le plus connu ni le plus fréquenté des musées français. Parfois il n’est même pas cité dans les guides.
Une référence pour les naturalistes Il est pourtant l’un des plus anciens et des plus étonnants ainsi que le premier à avoir été ouvert au public, en 1766, dés sa fondation. Alors appelé Cabinet du Roi, en hommage à Louis XV, qui avait appuyé la création de l’Ecole Vétérinaire, il était une référence pour les naturalistes du Siècle des Lumières puis ses collections servirent à la formation des étudiants.
Situé à Maisons-Alfort, juste à l’extérieur de Paris, au confluent de la Marne et de la Seine, il est plus connu sous le nom de Musée Fragonard. Celui qu’il à porté du début des années 90 jusqu’à sa récente rénovation qui lui a redonné l’aspect qu’il avait lors de son installation dans ses locaux en 1902. Les pièces maîtresses et emblématiques de ses collections sont en effet des écorchés qui ont été réalisés par Honoré Fragonard, anatomiste du 18e siècle et cousin germain du peintre Jean Honoré Fragonard.
Véritables cadavres Il s’agit de véritables cadavres humains et animaux qui ont été disséqués pour mettre à jour leurs organes, puis momifiés pour permettre l’enseignement de l’anatomie.
A cette époque c’était une pratique courante en Europe et des centaines, voire des milliers, ont été créés. Mais tous ont disparu, à l’exception de ceux de Fragonard car son procédé de conservation à base de térébenthine de Venise (résine de mélèze) les a protégés des insectes. Cependant, seuls 21 sont parvenus jusqu’à nous. Désormais exposés dans une salle de 80 m2 à l’hygrométrie et à la température stable, ils attirent scientifiques et curieux du monde entier. Car Fragonard ne s’est pas contenté d’enlever leurs peaux et d’écarter leurs chairs pour montrer veines, organes et tendons colorés de diverses teintes. Il a aussi donné à ces écorchés des poses théâtrales. Un homme monté sur un cheval lancé au galop évoque le tableau de Dürer « Le Cavalier de l’Apocalypse ».
Œuvres d’art ou compositions macabres ? Un personnage debout, les yeux exorbités, tient dans sa main une mâchoire d’âne comme Samson en train de combattre les Philistins. Trois fœtus sont en train de danser une gigue. Deux têtes humaines, l’une les artères et les veines gonflées, l’autre le crâne percé de trous semblent sorties d’un film d’horreur ou de science fiction.
Enregistrés et protégés comme monuments historiques, ces étonnants écorchés frappent l’imagination. Œuvres d’art, spécimens scientifiques créés à des fins pédagogiques, compositions macabres, … ils suscitent des opinions variées et contradictoires. Quoi qu’il en soit ils témoignent du génie scientifique de Fragonard car leur réalisation demandait un long et minutieux travail. Tout d’abord il incisait les grosses veines des bras et des cuisses pour vider le sang qui y restait. Puis il préparait un mélange de graisse de mouton et de résine de pin qu’il portait à ébullition.
Collection de monstruosités Après avoir ouvert le thorax de manière à exposer le cœur ce mélange était injecté dans le système artériel via une canule implantée dans chaque cavité cardiaque. Quant aux veines, elles devaient être injectées une à une en partant de la périphérie du corps. Le corps était alors disséqué, puis plongé dans un bain d’alcool pour être déshydraté, et mis dans la position voulue et maintenu en place dans un cadre. L’alcool s ‘évaporait lentement raidissant l’ensemble et une fois totalement sec les artères étaient peintes en rouge, les veines en bleu. Dernière étape, le corps était recouvert d’un vernis à base de résine de mélèze.
Mais il existe bien d’autres raisons pour visiter ce musée qui compte plus de 4 000 pièces exposées sur 500 m2. A l’instar des cabinets de curiosités du 18e siècle il possède une collection de monstruosités dédiés à la tératologie. Une sirène qui nage dans un bocal, en réalité un bébé né à Maisons-Alfort avec les jambes jointes. Un veau avec deux têtes. Des agneaux siamois reliés par la poitrine ou la tête. Un poulain avec un énorme œil dû à une malformation d’un os facial. Un mouton avec cinq pattes.
Jardin botanique Le reste est moins spectaculaire. Il s’agit de squelettes et de crânes d’animaux ainsi que des organes. Ils sont présentés secs, dans du formol, ou sous forme de moulages en plâtre et en papier mâché.
Après tant de visions étranges, il est agréable de se retrouver à l’air libre et de se promener dans le jardin botanique de l’Ecole. Lui aussi créé en 1766, il est le plus vieux de France et couvre un demi-hectare. Entretenu de manière 100 % bio, il abrite 2 400 espèces végétales : des arbres rares dont des poivriers du Sichuan et un gingko biloba de 200 ans, des plantes toxiques, médicinales, aquatiques et mellifères. L’école possède en effet des ruches et il est possible d’acheter sur place le miel qu’elle produit. Il est ouvert toute l’année, mais l’automne et le printemps sont bien sûr les meilleures saisons pour le visiter.
Près de l’Ecole Vétérinaire, en face de la station de métro, s’élève deux intéressants édifices art déco des années 30. Le plus imposant est l’église Sainte Agnès, l’une des premiers exemples d’application de l'architecture (rationaliste) contemporaine. Construite en béton armé entre 1932 et 1933, elle a une décoration volontairement sobre et est éclairée par d’immenses vitraux géométriquement découpés en A, l’initiale d’Agnés. Haut de 53 mètres, le clocher hexagonal surmonté d’une croix en fer forgé de 8 mètres, aurait, selon une anecdote, la forme d’une bouteille de Suze. C’est en effet le directeur de cette marque d’apéritif qui avait financé à 80 % la construction de l’église. Autrefois située juste à côté, l’usine n’existe plus mais il subsiste sa façade décorée de métopes aux armoiries de plusieurs villes françaises.