Au nord de la capitale, la Goutte d’Or abrite une population cosmopolite dont un grand nombre d’immigrés africains. Ils ont développé des activités commerciales qui donnent un parfum exotique à ce quartier que vous pouvez explorer par vous-même ou avec une visite guidée permettant une meilleur compréhension de leurs modes de vie.
[ Pratique ]
- Y aller
Stations de métro Château Rouge (Ligne 4) et Barbes-Rochechouart (Ligne 4 et 2)
- Restaurants
Le Nioumre, 7 rue des Poissonniers
Mini-Resto : 46 rue des Poissonniers
Chez Aida, 48 rue Polonceau
- Sortir
Lavoir Moderne Parisien, 35 rue Léon
Olympic Café, 20 rue Léon
www.rueleon.net
- Achats
La Ferme Parisienne, 26 rue Myrha
Toto Tissu, 49 rue Barbes
Etoile de Kindia, 36 rue Stéphenson
- Expositions
Institut des Cultures d’Islam
19-23 rue Léon
www.ici.paris.fr
- Bon à savoir
La Goutte d’Or est parfois décrite comme un quartier dangereux, mais il n’y a aucun risque dans la journée.
- Visites guidées
Atalante propose des promenades à pied d’une demi-journée dans ce quartier.
Prix : 35 € par personne.
Prochaines visites : 10, 17 et 24 novembre, 1er décembre.
www.atalante.fr
Paris n’est pas uniquement la Ville des Lumières et l’écrin de monuments et de musées mondialement connus. C’est également une ville cosmopolite et multiculturelle qui recèle bien des surprises à ceux qui sortent des sentiers battus et des itinéraires purement touristiques. Tel est le cas de la Goutte d’Or, ce quartier du 18e arrondissement qui s’étend près des stations de métro Château Rouge et Barbes Rochechouart.
Villa Poissonnière © T.Joly
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Mosaïque de peuples
Son nom, inspiré par un vin blanc aux reflets dorés qui y était jadis produit, rappelle qu’à une époque lointaine des vignes occupaient ses coteaux. Un paysage bucolique difficile à imaginer aujourd’hui, hormis dans la Villa Poissonnière, une voie privée bordée de petits immeubles et de jardins qui se cache entre la rue de la Goutte d’Or et la rue Polonceau. Ce quartier est en effet l’un des plus densément peuplé de la capitale avec 22 000 habitants sur 38 ha. C’est aussi une mosaïque de peuples du monde entier avec 47 nationalités représentées. Il s’agit sans doute du record à Paris. Symbole de cette diversité, l’on y trouve à la fois des églises, des mosquées et des synagogues.
Cette vocation à être une terre d’accueil pour les migrants n’est pas nouvelle. Avant que les étrangers viennent, la Goutte d’Or fut du milieu du 19e siècle au milieu du 20e siècle l’un des principaux points de chute des provinciaux venant de toutes les régions de France pour chercher du travail à Paris. L’écrivain français Emile Zola y situe d’ailleurs l’action de son roman L’Assommoir qui décrit les dures conditions de vie de la classe ouvrière à la fin du 19e siècle.
Un large éventail de commerces
Ceci dit, de nos jours ce quartier est surtout connu pour abriter une très importante communauté africaine. Elle est pour l’essentiel constituée d’immigrés originaires des anciennes colonies françaises d’Afrique du Nord, de l’Ouest et du Sahel. Les premiers sont arrivés pendant et après la Première Guerre Mondiale, mais c’est à partir des années 60 que leur nombre est vraiment devenu important. « Beaucoup s’installent ici parce que les logements sont moins chers que dans les autres arrondissements », explique Céline Chanut, de l’association Abeca, qui organise des visites guidées à pied de la Goutte d’Or.
Parallèlement, un large éventail de commerce a vu le jour pour fournir à ces immigrés les produits qu’ils utilisaient dans leurs pays d’origine. A tel point que désormais, des Africains viennent de toute la France et même d’autres pays européens pour s’y approvisionner. Ces commerces en tout genre créent un monde de senteurs et de couleur qui fait le bonheur des amateurs de produits exotiques. D’autant que les prix sont bien moins chers que dans les autres quartiers de Paris.
Fruits et légumes tropicaux
Ici une épicerie recèle du mil, du thé sénégalais, des pistaches et des épices de toutes sortes. Là une poissonnerie propose des espèces de poissons africains comme le capitaine, le thiof et le tilapia. Un peu partout des boucheries vendent de la viande hallal et de savoureuses merguez. Dans une rue tranquille un magasin appelé La Ferme Parisienne, sans équivalent à Paris, vend même des poulets et des pintades vivants…. De plus chaque jour manioc, igname, piments, mangues et bien d’autres fruits et légumes tropicaux garnissent les étals du marché Dejean, près du métro Château Rouge. Quant aux produits typiques du Maghreb, ils se trouvent plutôt au marché qui se tient le mercredi et le samedi matin sous le métro aérien à Barbes.
Bien entendu les occasions de découvrir la gastronomie africaine ne manquent pas. Il existe quantité de restaurants camerounais, zaïrois, maliens,… et surtout sénégalais où il est possible de goûter les principaux plats traditionnels du pays. Le thiep bou dien, un mélange de poisson, de riz et de légumes variés. Le yassa, du poulet ou de la viande mariné dans une sauce aux oignons, citrons verts et épices accompagné de riz.
Poudres magiques
Les restaurants tunisiens, marocains et algériens sont tout aussi nombreux et les moins chers proposent des couscous à 6 € !!! Et pour le dessert il y a le choix entre les pâtisseries regorgeant de gâteaux orientaux et des bars semblables à ceux de petits villages du Maghreb où le thé à la menthe est roi.
Les activités commerciales ne se limitent toutefois pas à l’alimentation et à la restauration. Immanquables tant elles sont nombreuses, les boutiques de produits de beauté pour femmes africaines sont partout. Elles s’y font natter les cheveux, poser des faux ongles et y trouvent des fausses mèches, des lotions, parfois dangereuses, pour blanchir la peau,…. Des produits si populaires qu’ils sont également dans les rayons de bien d’autres boutiques dont de véritables cavernes d’Ali Baba ou sont vendus aussi bien des médailles religieuses que des poudres aux vertus supposées magiques pour devenir invisible ou séduire son bien aimé. Il est vrai que les superstitions et les croyances tiennent toujours une place importante dans le quartier. Le grand nombre de marabout y officiant en est la preuve.
Vêtements africains
A en croire certaines rumeurs des Haïtiens pratiqueraient aussi des macumbas…. Réalité ou légende, nul ne sait exactement.
Quant aux boutiques de mode, elles reflètent la diversité ethnique de la population. Quelques-unes vendent des vêtements actuels, d’autres des robes arabes dignes des Milles et Une Nuit, ou des boubous, des sarouels, des pagnes et des coiffes africains. Il est également possible d’acheter les tissus colorés ornés de dessins traditionnels ou modernes qui servent à les confectionner : le basin, le bogolan ou le wax hollandais. Ce dernier, du coton imprimé selon les techniques du batik, est le plus prisé et le plus cher. Fabriqué aux Pays-Bas, il est toutefois moins cher ici qu’en Afrique !!. Si vous aimez ces tissus, des tailleurs peuvent vous faire des habits sur mesure. Par exemple, Etoile Kindia, une couturière hors pair originaire de Guinée Bissau qui possède une boutique appelée l’Etoile de Kindia. Et si vous êtes à la recherche de vêtements mélangeant modernité et tradition, allez rue des Gardes où la Mairie de Paris a installé une douzaine de créateurs de mode au style ethnique.
Artistes engagés
Elle va en outre construire un Institut des Cultures d’Islam qui devrait être inauguré en 2012 – 2013. En attendant un centre de préfiguration de cet institut à été ouvert rue Léon et propose déjà de petites expositions. Par ailleurs des artistes engagés ont élu domicile dans le quartier. Dans la même rue, le Lavoir Moderne Parisien et l’Olympic Café sont ainsi devenus des salles de spectacles réputées où se produisent musiciens, acteurs et humoristes français et africains. Mais la Goutte d’Or conserve aussi un caractère immuable illustré par ces habitués qui viennent chaque jour jouer aux dames avec des bouchons de bouteilles d’eau dans son seul espace vert. Le square Léon, créé en 1973 aux portes de la belle église Saint Bernard. Des contrastes qui résument bien le quartier et font son charme.
13 Octobre 2012
Thierry Joly
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