Traversant essentiellement le département de l’Ariège, le chemin de randonnée GR 107 mène à des sites historiques rappelant le destin tragique des Cathares. Il passe aussi par les hautes montagnes pyrénéennes dévoilant des paysages grandioses et donnant la chance d’observer des animaux sauvages.
[ Pratique ]
Y aller
- Route
770 km de Paris par les autoroutes A6b, A10, A71, A20, A61 et A66 jusqu’à Pamiers, puis par la N20 jusqu’à Foix.
Porté Puymorens est 70 km plus loin par la N20.
- Train
TGV de Paris Montparnasse jusqu’à Toulouse puis train TER jusqu’à Foix. Le trajet dure de 7 à 8 h.
Train de nuit Lunéa de Paris Austerlitz à Foix. Durée du trajet : 8 h.
Train TER de Foix à Porté Puymorens. Le trajet prend 1 h 30.
Se loger
- Le Topo Guide « Sur les traces des Cathares. Le Chemin des Bonshommes » de la Fédération Française de Randonnée donne la liste de tous les hébergements.
- Coups de cœur
Gîte d’Etape de Roquefixade
Gîte d’Etape de Montségur
Gîte d’Etape de Camurac
Gîte d’Etape de Comus
Le Relais Montagnard à Orlu
Gîte d’Etape de Mérens
Refuge des Bésines
Restaurants
- Tous les hébergements accueillant des randonneurs proposent la demi-pension et souvent des paniers repas pour le déjeuner.
- Il existe des restaurants à Foix, Montferrier, Montségur, Orlu, Mérens et Porté Puymorens.
Ravitaillement
Certains villages ont des épiceries et des boulangeries mais les horaires d’ouverture sont parfois limités. Renseignez-vous au préalable.
Informations
- Topo Guide « Sur les traces des Cathares. Le Chemin des Bonshommes ».
- Site internet Le Chemin des Bonshommes
www.chemindesbonshommes.com
- CDT Ariège
Tel : 0561023070
www.ariegepyrenees.com
Il y a plus de 800 ans, les régions du Languedoc-Roussillon et de Midi-Pyrénées furent dévastées durant la croisade contre les Albigeois. Également connus sous le nom de Cathares, ces Chrétiens prônaient un retour à la simplicité du Christ et rejetaient le faste et le protocole de l’église catholique. Une doctrine qui, dans le Sud Ouest de la France, séduisit un grand pourcentage de la population et des nobles puissants comme le comte de Toulouse.
 Le chemin des Bonshommes
Mais, en 1209, effrayée par l’ampleur et le succès du mouvement, l’église catholique les déclara hérétiques et appela à la croisade contre eux. Alléchés par la perspective de se constituer aisément de grands domaines, de nombreux chevaliers du Nord de la France y participèrent. Cependant il leur fallut 20 ans de sanglants combats pour contrôler la région et obtenir la soumission du comte de Toulouse. Mais le mouvement Cathare résista et échappa à l’Inquisition pendant encore quelques années. Les Bons Hommes, comme ils s’appelaient eux-mêmes, se réfugièrent en effet dans des châteaux escarpés, au fond des montagnes et des bois pyrénéens, ou même en Espagne.
Pour retrouver la trace de ces martyrs le temps d’une journée ou d’une semaine, les randonneurs peuvent suivre un chemin de randonnée, le GR 107, appelé Chemin des Bonshommes. Il part de Foix, la préfecture de l’Ariège, située aux confluents de deux rivières, l’Arget et l’Ariège.
Refuge pour les Cathares
Dominée par un puissant château et conservant de vieilles maisons, c’est une ville plaisante et sa visite constitue un bon échauffement pour les marcheurs car le GR commence par une montée raide et ininterrompue de plus d’une heure. Cela devient ensuite plus facile avec un parcours vallonné dominant des paysages agricoles de moyenne montagne qui mène jusqu’à la première étape : le charmant village de Roquefixade. Reconstruit au 13e siècle selon les plans d’une bastide, il est dominé par les ruines d’un château médiéval juché au sommet d’un rocher abrupt. Il servit de refuge aux Cathares, mais ne fut jamais pris par les croisés. De là, par temps clair on aperçoit au loin le château de Montségur, lieu mythique de l’histoire des Cathares car ce fut leur dernière place forte. Elle ne fut prise qu’en 1244 après un siège de plusieurs mois et plus de 200 hérétiques furent jetés dans un bûcher.
Mais il faut encore 5 heures de marche pour y parvenir. Un trajet qui se fait essentiellement à travers bois sur un sentier parfois très boueux lorsqu’il pleut.
Ruines de Montségur
En cours de route, le village de Montferrier est une halte parfaite pour le déjeuner car il possède à la fois de vieilles maisons et un joli cadre avec une rivière qui coule à ses pieds. Une fois au col de Séguéla, à 1026 m d’altitude, les ruines de Montségur apparaissent, perchées au sommet d’un vertigineux piton rocheux. Y accéder avec un gros sac à dos n’est pas une partie de plaisir car le sentier est très pentu mais on est récompensé par une splendide vue sur la région. On comprend pourquoi les assaillants ont mis tant de temps pour investir la place d’autant que les murs du château ont une épaisseur impressionnante. À l’intérieur, il n’est pas rare de rencontrer des admirateurs des Cathares en train de se recueillir ou de psalmodier des prières. En particulier en fin d’après-midi et en début de matinée, ou le jour du solstice d’été quand les rayons du soleil illuminent la salle principale. En contrebas, le village a beaucoup de charme avec ses petites ruelles bordées de maisons anciennes et il abrite un très intéressant musée sur l’histoire des Cathares.
Gorges étroites
Après une succession de bois et de vallons paisibles, le GR 107 atteint les spectaculaires gorges de la Frau, une déformation du mot effroi. Pendant des siècles, les habitants ont en effet craint ce défilé de 5 km de long parfois très étroit qui est enserré par des falaises de plusieurs centaines de mètres de haut ou nichent des faucons pèlerins. Il est difficile d’imaginer que ces gorges ont été creusées par le petit ruisseau que l’on aperçoit ça et là, mais quand un orage éclate, il peut se transformer en un violent torrent.
A la fin, on débouche sur un plateau rude et austère où quelques agriculteurs s’échinent encore à cultiver des champs parsemés de rochers. Dans certains villages, comme Camurac, la seule station de ski du département de l’Aude, la présence d’abreuvoirs de grandes tailles rappelle que l’élevage a pendant longtemps été la principale activité. Dans cette région difficile d’accès, la foi Cathare persista longtemps après la chute de Montségur comme en témoigne l’histoire de Montaillou, petit village blotti au pied des ruines d’un château médiéval. En 1308, l’Inquisition vint y enquêter et arrêta tous les habitants !!!!
Longue ascension
Ensuite débute une longue ascension jusqu’au col de Balaguès, à 1669 m d’altitude et la forêt fait peu à peu la place à la bruyère, aux genets, à des pâturages et à la lande. L’on suit alors des crêtes qui offrent de beaux points de vue sur les Pyrénées et la Dent d’Orlu, un pic ainsi nommé pour sa ressemblance avec une dent. Puis le GR 107 plonge dans la vallée. Une longue descente qui passe par Sorgeat et Ascou, deux pittoresques villages accrochés à flanc de montagne qui conservent des maisons traditionnelles en pierre. Enfin, on arrive à Orgeix, situé au bord de l’Oriège, à ne pas confondre avec l’Ariège. Les randonneurs ont alors trois choix possibles. Continuer le chemin direct. Faire un petit détour nécessitant 30 mn de marche pour aller à Ax-les-Thermes, une station thermale réputée pour ses eaux sulfureuses. Ou passer une journée à Orlu pour découvrir la Réserve Nationale du même nom. L’entrée se trouve à 6 km du village, à plus de 1 000 m d’altitude, 3 km plus loin que la Maison des Loups, un parc animalier aménagé en pleine forêt qui présente ces animaux en semi-liberté.
 Refuge d'En Beys © T.Joly
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Marmottes et isards
La randonnée classique consiste à monter jusqu’au refuge d’En Beys à 1 970 m d’altitude. Une marche de trois heures qui permet d’avoir un bel aperçu de la haute montagne ariégoise, de sa faune et de sa flore. Le sentier balisé suit tout d’abord une rivière sauvage alimentée par les neiges éternelles et des lacs qui crée la belle vallée d’En Gaudu où il est commun d’observer des marmottes et des isards, une variété pyrénéenne de chamois. Puis le sentier monte en lacets à flanc de montagne et au fur et à mesure que l’altitude augmente les hêtres sont remplacés par des sapins, des rhododendrons, de la bruyère et de nombreuses fleurs. Avec de la chance, vous pourrez voir des grands tétras, des aigles royaux, des vautours ou des gypaètes barbus. Offrant des sandwiches et des plats à des prix raisonnables, le refuge d’En Beys se dresse dans un cadre magnifique surplombant un lac aux eaux bleues et il est très agréable d’y déjeuner tout en jouissant du paysage.
Chevaux de Mérens © T.Joly
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Chevaux de Mérens
Il est également possible d’y dormir pour avoir plus de temps pour explorer les environs. Une trentaine de lacs sont en effet visibles dans un rayon de 4 km, le plus proche se trouvant à seulement 5 minutes de marche.
De retour à Orlu, les personnes suivant le GR 107 doivent franchir le col de Joux, haut de 1 702 m. Cette montée est toutefois relativement facile car elle se fait la plupart du temps à travers des bois qui protègent du soleil et de la chaleur. Après, le chemin suit des crêtes d’où l’on a de belles vues sur les Pyrénées et dans ce secteur il est fréquent de croiser des chevaux de Merens. Noirs, rustiques, résistants et insensibles au vertige, ils sont utilisés depuis des siècles par les montagnards de l’Ariège et sont aujourd’hui l’un des symboles de ce département. Un ou deux des ours réintroduits dans les Pyrénées se promènent également parfois dans la région. Mais n’ayez pas peur, ils évitent l’homme et ne sont que rarement observés. Un peu plus loin l’on arrive au village de Mérens.
Source d’eau chaude
Construite autour des ruines d’une église romane, la partie haute est plus jolie que la partie basse qui s’étire le long de la voie de chemin de fer et de la N 20, une route très fréquentée conduisant en Andorre. Ne manquez pas la source d’eau chaude sulfureuse qui se cache dans la montagne et s’écoule dans de petits bassins naturels. C’est à seulement quelques minutes de marche dans la montagne, au milieu d’un bois, et après une journée de marche c’est un vrai bonheur. Les randonneurs ont ensuite deux options. Soit ils continuent sur le GR 107 qui longe la vallée de l’Ariège et franchit le col de Puymorens, le chemin jadis emprunté par les Bonhommes. Soit ils prennent une variante plus difficile mais bien plus spectaculaire par la haute montagne.
De Mérens, à 1060 m d’altitude, c’est tout d’abord une longue et ininterrompue montée jusqu’au Porteille des Bésines, à 2333 m.
Superbe lac
La plupart du temps le chemin suit un cours d’eau et il passe par un superbe lac. Cependant la marche n’est pas trop dure et du sommet il y a une vue splendide sur les montagnes. L’on traverse ensuite des paysages sauvages, accidentés et rocheux où des passionnés campent près de petits lacs pour pêcher truites et saumons. C’est dans ce cadre extraordinaire que s’élève le Refuge des Bésines où il est possible de passer la nuit. Le jour suivant est tout aussi spectaculaire. Pour commencer il faut franchir le Coll de Coma d’Anyell, haut de 2 470 m, le point culminant de la randonnée. C’est une ascension relativement pénible le long de jolis lacs et à travers un éboulis rocheux. La suite est bien plus facile. Le GR descend vers un grand lac artificiel par des pentes herbeuses où il est possible de voir des marmottes et des isards même si ce n’est pas un parc national.
Rivière impétueuse
Autour du lac, les paysages deviennent plus variés. Les sapins poussent entre de gros rochers et le long d’une rivière impétueuse rappelant parfois les paysages de parcs américains comme le Yosemite. Depuis le barrage créant ce lac, ce n’est plus qu’une longue descente vers Porté Puymorens pour rejoindre la branche principale du GR 107. C’est également là que vous trouverez une station de train pour retourner vers Paris ou Foix ? Mais le GR va plus loin, tout d’abord en Andorre puis en Espagne. C’est le chemin qu’empruntaient les Cathares pour échapper à l’Inquisition et que les résistants français utilisaient durant la Seconde Guerre Mondiale. Si vous vous sentez prêt à randonner un peu plus, il y de quoi faire.
23 Avril 2012
Thierry Joly 
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; "Cliquer sur la photo pour l'agrandir © T. Joly")
; "Foix © T.Joly")
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