Le sous-sol de la région de Saumur compte de nombreuses galeries et maisons souterraines. Un monde plein de mystère et de surprise, hier à l’abandon, aujourd’hui à la mode, où il est possible de pénétrer et même de passer la nuit.
[ Pratique ]
Y aller - Route
320 km depuis Paris par les autoroutes A10, A11, A85 jusqu’à Saumur
- Train
TGV Paris Montparnasse – Tours ou Angers puis TER jusqu’à Saumur.
Durée du trajet 2h40 à 3 h.
Meilleure Période Du 1er avril au 30 septembre. En dehors de cette période tous les sites ne sont pas ouverts.
Bon à savoir Une voiture est indispensable pour pouvoir accéder à tous les sites.
Se loger - Chambres d’hôtes
La Farfadine, à Doué-la Fontaine.
Les Bateliers, à Cunault.
La Turcane, à Turquant.
- Gîtes
La Troglo, à Doué-la Fontaine.
Les Troglos Verts, à Parnay.
Gîte Troglodyte, à Le Puy-Notre-Dame.
Centre des Perrières, à Doué-la-Fontaine.
- Hôtels
Demeure de la Vignole, à Turquant.
Hôtel Rocaminori, à Louresse-Rochemenier
Restaurants La Cave aux Moines, à Chénehutte-les-Tuffeaux.
Les Caves de la Genevraie, à Rochemenier.
Cathédrales de la Saulaie, à Doué-la-Fontaine.
L’Hélianthe, à Turquant.
Producteurs de Vin de Saumur - Ackerman
www.ackerman.fr
- Bouvet-Ladubay
www.bouvet-ladubay.fr
Informations CDT Anjou, tel : 0241235151, www.anjou-tourisme.com
Office de Tourisme du Saumurois
Tel : 0241402060 www.saumur-tourisme.com
Des paysages doucement vallonnés. Des cours d’eau tranquilles qui coulent devant des châteaux. Des manoirs entourés de vignobles…. Au premier regard l’Anjou offre une image paisible et bucolique. Cependant, cette région possède aussi une face cachée et plus mystérieuse qui vient d’un passée parfois troublée.
1 000 km de galeries Sur la rive gauche de la Loire, le sous-sol des environs de Saumur et de Doué-la-Fontaine recèle en effet la plus grande concentration de galeries souterraines d’Europe. Plus d’un millier de km au total !! Il s’agit pour l’essentiel d’anciennes carrières d’où ont été extraites deux pierres tendres faciles à creuser et à tailler. Le falun et le tuffeau, plus connu, qui a servi à construire la plupart des châteaux de la Loire mais aussi des monuments étrangers comme l’abbaye de Westminster. Plus ou moins longs, les souterrains ainsi créés ont ensuite été réutilisés comme champignonnières, comme caves à vin et parfois comme refuge en périodes de dangers. Invasions Vikings, guerre de Cent Ans, guerres de Religion. De plus, de véritables habitations et même des villages entiers ont également été creusés dans ces roches, toujours pour se dissimuler ou alors pour des raisons d’économie et de commodité.
Village souterrain Des motivations parfaitement illustrées par le village de Rochemeinier dont l’on ne soupçonne pas l’existence avant d’y pénétrer. Là, autour de deux cours, sont creusées granges, d’étables et d’habitation meublées comme au 19e siècle. Il y a aussi une vaste chapelle qui rappelle que le hameau comptait à l’origine plus de fermes du même genre. Un site très représentatif du troglodytisme de plaine, qui permet de se faire une excellente idée des conditions de vie dans cet univers. Comme celui des Maisons Troglodytes de la Fosse, à Forges, dont seules les cheminées sortant de terre trahissent la présence.
Plus énigmatique est la Cave aux Sculptures de Dénézé-sous-Doué qui remonte au 16e siècle, au moment des guerres de Religion. Ses parois sont décorées de centaines de sculptures figurant aussi bien des personnages dans des scènes de la vie quotidienne que des créatures difformes et grimaçantes. Une création artistique dont personne ne connaît ni les auteurs ni le but.
Salles en ogive de 20 m de haut Tout aussi surprenant est le château de Brézé. Cet édifice mi-médiéval mi-Renaissance s’élève en effet au sommet d’une butte qui abrite une forteresse souterraine plus ancienne. Datée du 10e siècle, elle comporte tout un réseau de tunnels et de salles avec entre autres cuisines, glacière, pressoir à raisin. Le tout communiquant avec les douves sèches du château, les plus profondes d’Europe, si larges que le roi Louis XIV y cacha sa cavalerie lors d’une campagne militaire.
Mais il y a encore plus spectaculaire avec les Caves Cathédrales des Perrières, à Doué-la-Fontaine. Aux 18e et 19e siècles, pendant l’hiver les paysans se transformaient en carriers pour extraire et vendre le falun situé sous leur champ. A partir d’une étroite ouverture en surface, ils ont creusé des cavités allant en s’évasant et ainsi créés d’immenses salles en ogives atteignant jusqu’à 20 m de haut. Pour un temps utilisées comme habitation et comme champignonnière, elles sont aujourd’hui magnifiquement éclairées et s’y promener est un enchantement. Au point que certains couples y organisent le repas et la fête de leur mariage !!! Et pas besoin d’aller ailleurs pour dormir car un gîte de groupe y est aussi installé.
Sarcophages monolitiques Toujours à Doué, plus de 120 000 sarcophages monolithiques en falun ont été extraits du sous-sol entre le 5e et le 8e siècle. Une production qui était commercialisée jusqu’en Angleterre. Seul un petit secteur est ouvert au public, La Cave aux Sarcophages, qui a ensuite servi de refuge et de chapelle. Car, selon les historiens, la ville n’aurait compté aucune habitation en surface avant le 15e siècle, la population préférant vivre sous terre par sécurité. Il est d’ailleurs toujours possible de voir de nombreuses maisons troglodytes dans plusieurs quartiers.
Le troglodytisme de coteau est plus visible et correspond surtout à un souci de commodité. Impossible en effet pour un envahisseur de ne pas remarquer les multiples cavités percées dans la paroi de la falaise bordant la Loire de part et d’autre de Saumur. Des habitations et leurs dépendances qui ont souvent été abandonnées au 20e siècle quand y vivre est devenu synonyme de pauvreté. Mais ce n’est plus le cas, au contraire. Depuis que quelques artistes y ont élu domicile c’est devenu tendance et les restaurations se multiplient. Plusieurs hôtels, chambre d’hôtes et gîtes offrent désormais des hébergements troglodytes ou semi-troglodytes.
Une piscine dans la falaise Dans la Demeure de la Vignolle une petite piscine chauffée a même été aménagée au coeur de la falaise !! Surfant sur cette vogue, la commune de Tarquant a décidé de réhabiliter plusieurs maisons troglodyte qui étaient en ruine. L’une accueille désormais un restaurant, L’Hélianthe, une autre une librairie, L'Apart, et plusieurs autres abritent des ateliers d'artisans d’art qui sont venus rejoindre un maroquinier, une costumière et un mosaïste déjà présents depuis quelques années dans le village. S’y trouve aussi Le Troglo des Pommes Tapées, qui explique, fait goûter, vend et a relancé une technique de conservation des fruits tombée dans l’oubli. Les pommes sont déshydratées au four, puis aplaties par une succession de petits coups de marteau. Un travail de Sisyphe.
Seconde différence avec la plaine, dans les coteaux les carrières n’ont pas laissées d’immenses salles mais des galeries pouvant approcher, voire dépasser 10 km de long. L’extraction du tuffeau s’est en effet faite horizontalement.
Caves à vin Plusieurs maisons de vin de Saumur continuent à les utiliser comme caves et offrent la possibilité de les visiter. Citons Bouvet-Ladubay, où elles servent toujours à la vinification et où un artiste a réalisé 35 sculptures intégrées dans un parcours scénographique de 600 m avec musique et jeux de lumières. Quant à celles d’Ackerman, la maison qui a la première produite du vin pétillant dans la région, elles sont les plus longues et sont réputées pour la hauteur de leurs voûtes. Mais elles ne sont plus utilisées pour la production. Elles abritent désormais une exposition combinant scénographie dynamique, informations et activités ludiques qui raconte l’histoire d’Ackerman et comment les vins pétillants sont produits. Elles accueillent également des expositions temporaires d’artistes contemporains et parfois des manifestations culturelles et des dégustations de vin.
Jusqu'au bout de la nuit Enfin, quelques-unes de ces anciennes carrières souterraines continuent à être occupées par des cultures de champignons même si cette activité est en déclin dans la région pour cause de concurrence internationale. Là aussi les visites sont possible et l’on y apprend à la fois l’histoire de ces carrières et les techniques pour faire pousser champignons de Paris, pleurotes, pied bleus et shitaké. Une promenade sous terre que vous pouvez prolonger dans le restaurant de ces exploitations et même en allant en discothèque à « La Cave aux Moines ».
Aménagé dans d’anciennes carrières de falun, le Bioparc - zoo de Doué-la-Fontaine n’a pas d’équivalent. D’une superficie de 14 ha, il abrite plus de 600 animaux d’environ 70 espèces pour la plupart en danger telle la rarissime panthère des neiges. Pour une part à ciel ouvert et pour une part souterraines avec tunnels et grottes, les carrières créent un étonnant zoo à étages où plusieurs cascades permettent l’épanouissement d’oasis de végétations tropicales. Chaque animal vit ainsi dans un environnement se rapprochant de son habitat d’origine. Les rhinocéros noirs disposent ainsi d’une vallée de plus de deux ha creusée dans la roche et recouverte de falun pulvérisé qui ressemble à la savane africaine. L’aménagement du zoo permet aussi aux visiteurs d’observer les animaux sous des angles inhabituels tel la terrasse du restaurant qui domine l’enclos des girafes.