La vallée qui inspira Courbet

Ornans © T. Joly
La région où le peintre Gustave Courbet a grandi et réalisé plusieurs de ses chefs d’œuvres est riche en paysages spectaculaires et villages pittoresques. Un musée récemment restauré et agrandi retrace la carrière de l’artiste depuis ses débuts.

[ Pratique ]

Y aller
- Route
440 km depuis Paris par les autoroutes A6, A31 et A36 jusqu’à la sortie N°4 puis par la N57 et la D67 jusqu’à Ornans.
- Train
TGV de Paris Gare de Lyon à Besançon ou TGV de Paris Gare de Lyon à Dijon puis TER jusqu’à Besançon. Le trajet dure entre 2 h 30 et 3 h.
Bus de Besançon à Ornans, distant de 25 km.
Se loger
- Hôtels
Hôtel de France
Hôtel de la Vallée
- Chambres d’hôtes
Le Jardin de Gustave
Restaurants
Au Miroir de la Loue
Le Courbet
La Table de Gustave
Le Pêcheur
Ferme auberge d’Ully
La Terrasse sur Loue
Musée Courbet
- Adresse
Place Robert Fernier, 25290 Ornans
- Dates et heures d’ouverture
D’octobre à juin de 10 h 12 h et de 14 h à 18 h
De juillet à septembre de 10 h à 18 h
- Tarif
6 €
- Informations
Tel : 0381862288
www.musee-courbet.fr
Ferme de Flagey
253330 Flagey
- Dates et heures d’ouverture
D’octobre à mai du mercredi au dimanche de 14 h à 18 h
De juin à septembre tous les jours de 11 h à 19 h
Entrée libre
Nuit à partir de 70 € pour deux
- Informations et éservations : 0381530360
Informations
- CDT du Doubs
Tel : 0381212999
www.doubs.travel
www.doubs.fr/pays-de-courbet/
- Office de tourisme du Pays d’Ornans-Loue-Libon
Tel : 0381622150
www.valleedelaloue.com
L’une des plus belles rivières de France, renommée pour la pêche à la mouche, la Loué est visible dans les musées du monde entier à travers les œuvres du grand peintre réaliste Gustave Courbet. Quand il séjournait à Paris, il retournait fréquemment dans cette région car c’était sa terre natale et nombre de ses plus grandes oeuvres ont été inspirées par les paysages de la vallée de la Loué ou les gens qui y vivaient. Et il avait coutume de dire : « Pour peindre un pays, il faut le connaître. Allez-y voir, et vous reconnaîtrez mes tableaux ».


Source de la Loue © T.Joly
 Site spectaculaire
Suivons donc son conseil et partons à la découverte de cette région de l’Est de la France située dans le département du Doubs. Pour commencer, allons visiter la source de la Loue, où Courbet a peint pas moins de treize toiles. Le site est il est vrai fort spectaculaire. Jaillissant des entrailles de la terre par une vaste cavité aux pieds d’une falaise de 100 m de haut, la rivière a dès sa naissance un débit pouvant atteindre 100 m3 par seconde. De plus, elle s’engage tout de suite dans une succession de rapides et de petites chutes. Ajoutant au caractère austère et dramatique du lieu, des ruines parsèment ses berges. Ce sont les vestiges de moulins, d’huileries, de scieries et de forges qui s’étaient jadis installés là pour profiter de la force motrice de l’eau et au milieu du 19e siècle, près de 50 personnes y travaillaient.


Vallée de la Loue © T.Joly
 Villages pittoresques
En réalité, il ne s’agit pas d’une source mais de la résurgence de trois rivières, dont le Doubs, dont une partie des eaux s’infiltre dans le sous-sol karstique et donne naissance à la Loue. D’où son importance lorsqu’elle émerge à l’air libre. Plus de détails sur la source et le passé industriel sont donnés par un documentaire projeté dans un petit centre d’informations.
Puis, sur une douzaine de kilomètres, la rivière se fraye un chemin dans des gorges profondes jalonnées de pittoresques villages. Blotti autour d’une église du 15e siècle possédant de belles sculptures en bois, le premier, Mouthier Haute Pierre, occupe un promontoire offrant une vue sans égale sur ces gorges. Il peut être rejoint à pieds par un chemin de randonnée récemment créé pour découvrir le pays de Courbet. Assez exigeant, il fait une boucle de 13,5 km au départ de la source de la Loue et passe par plusieurs lieux où le peintre a posé son chevalet et réalisé des toiles aujourd’hui exposées dans des musées du monde entier.



Ornans © T.Joly
 Paradis pour la pêche à la mouche
Les bancs de rochers faisant face à la Grotte des Faux Monnayeurs, la Cascade de Syratu, le belvédère de Renédale, la Roche de Haute Pierre, haute de 881 m.
Un peu plus loin le long des gorges, Lods est le plus beau et le plus pittoresque de ces villages. Accroché au flanc d’une falaise et dominant la rivière, il possède une belle église et d’anciennes maisons vigneronnes témoignant d’un passé viticole. Le suivant, Vuillafans mérite également un arrêt pour ses anciennes maisons bourgeoises et seigneuriales et les ruines de deux châteaux féodaux. De plus, un superbe point de vue est accessible par la petite route en lacets menant au village d’Echevannes.
Ensuite la vallée s’élargit et la Loue devient un paradis pour les pêcheurs à la mouche. Très vite, elle atteint Ornans, le lieu de naissance officiel de Courbet. Mais en fait, il a vraisemblablement vu le jour avant que sa mère n’y arrive, sur le chemin venant du village de Flagey où ses parents avaient une ferme.



Ornans © T.Joly
 La petite Venise de Franche-Comté
Ceci dit, il a commencé sa carrière et souvent vécu dans cette ville parfois surnommé « la petite Venise de Franche-Comté » pour ses maisons en bois qui bordent la rivière. Par ailleurs, les falaises grises caractéristiques du Jura et omniprésentes dans les toiles de Courbet sont visibles de presque partout. Mais ce ne sont pas les seuls charmes d’Ornans qui possède aussi de nombreux édifices dignes d’intérêt : un pont en pierre du 16e siècle, des hôtels particuliers du 15e siècle, une église dont la construction s’est échelonnée du 12e au 18e s et un hôtel de ville installé dans ancien baillage du 14e siècle remanié au 18e s. Un itinéraire balisé permet en outre de suivre les pas du peintre, de découvrir les lieux ou il a résidé, sa tombe, les endroits qu’il a peint et la statue des Chavots, représentant un jeune pêcheur, dont il fit don à la ville. D’ici quelques années, il sera également possible de visiter son atelier récemment redécouvert de manière fortuite et en cours de restauration.


Musée Courbet © T.Joly
 Nouveau musée
Pour l’instant, l’attraction principale d’Ornans est donc le musée qui lui est dédié. À l’origine limité à la maison familiale, l’Hôtel Hébert, il a récemment été rénové et agrandi par l’acquisition de deux bâtiments adjacents, les hôtels particuliers Champereux et Borel. Couvrant désormais 2 000 m2, ce musée aborde de manière chronologique toutes les périodes de la carrière de l’artiste et montre ainsi l’évolution de son style. Il fait également la relation entre sa vie et son œuvre et les contextes artistiques, sociaux et politiques de l’époque à travers des dessins, des lettres, des gravures et des objets personnels. Au total le Musée présente quarante et une peintures et quatre sculptures de Courbet dont quelques très belles œuvres comme l’Autoportrait dans la prison Sainte-Pélagie, le Portrait du Grand Père Oudot et le Miroir d’Ornans où les maisons se réfléchissent dans la Loue.


Flagey © T.Joly
 Une nuit dans la chambre de Courbet
Cependant, ses principaux chefs d’œuvres ne se trouvent pas là, mais dans des musées du monde entier. Ils sont néanmoins évoqués par des reproductions photographiques et pour trois d’entre eux par un documentaire. En complément, deux autres itinéraires permettent une découverte plus approfondie du pays de Courbet. L’un parcourt la vallée du Lison et le Ravin du Puit Noir où Courbet tenait des ateliers avec ses élèves tandis que le second sillonne les alentours de Flagey où s’élève la ferme ayant appartenu à sa famille. Entourée d’un ravissant jardin où poussent fleurs, fruits et légumes, elle a été transformée en un café littéraire et un lieu d’expositions temporaires. Elle comprend en outre trois chambres d’hôtes dont l’une, qui était celle de Courbet, est meublée comme au 19e siècle. Un lieu à ne pas manquer pour les admirateurs du peintre.

06 Avril 2012
Thierry Joly