Chef d’oeuvre d’Oscar Niemeyer


	© T. Joly

Classé monument historique, le siège du Parti Communiste est l’un des plus beaux exemples d’architecture moderne de Paris. Jadis un lieu secret, il est désormais ouvert au public à certaines dates.

[ Pratique ]

Siège du Parti Communiste Français
2 place du Colonel Fabien
75019 Paris
Tel : 0140401212

Vaste rond-point sans charme situé au nord est de Paris à la limite entre les 10e et 19e arrondissements, la Place du Colonel Fabien mérite néanmoins une mention dans les guides touristiques. Bâti en retrait de la rue sur son côté nord, le siège du Parti Communiste Français est en effet l’œuvre du célèbre architecte brésilien Oscar Niemeyer qui conçut la capitale de son pays, Brasilia, et participa à la construction du siège des Nations Unies à New York.

Architecture moderniste
Communiste engagé, il passa de nombreuses années en exil, en particulier à Paris, et il travailla gratuitement sur ce projet. Le bâtiment fut construit de 1965 à 1980, quand le Parti Communiste Français rassemblait un quart des votes et était le plus puissant d’Europe de l’Ouest.
Il fut donc l’un des lieux de Paris les plus surveillés par les services secrets nationaux et étrangers. Il y avait en outre beaucoup de spéculations sur la véritable nature du bâtiment et de nombreuses personnes croyaient que sa façade était à l’épreuve des balles ou qu’il s’agissait d’un bunker géant. Ces rumeurs étaient renforcées par les caractéristiques insolites de son architecture moderniste. Dressé sur des pilotis de béton, le siège a une façade vitrée ondulante, une entrée au ras du sol quelque peu cachée et un dôme blanc jaillit au milieu du jardin de la cour.

Trop coûteux à entretenir
Mais, de nos jours, il n’y a plus de mystère. L’influence des Communistes ayant fondu après l’élection de Mitterrand et l’effondrement de l’Union Soviétique, le siège est devenu trop coûteux à entretenir pour le Parti qui n’a pas eu d’autres choix que de le renommer « Espace Niemayer » et de louer deux des étages à des sociétés privées. En l’an 2000, la maison de mode italienne Prada l’a même loué pour présenter ses collections et des séances de prises de vue pour Christian Dior et Louis Vuitton y ont également eut lieu. Par ailleurs, le bâtiment est désormais ouvert au public durant les Journées du Patrimoine en septembre, occasionnellement à d’autres moments de l’année et sur rendez-vous pour les groupes.

Un étonnant auditorium
Les visiteurs y pénètrent par une étroite ouverture qui descend vers la réception et un hall d’entrée souterrain. Comme les couloirs, il possède des murs granités de béton brut car Oscar Niemeyer ne voulait aucune ornementation superflue dans ce qu’il appelait « La Maison des Travailleurs ». À quelques pas de là se trouve la principale salle de conférence située sous le dôme vu dans la cour et utilisée comme salle de réunion par le Comité Central du Parti. L’intérieur de cet auditorium est tapissé de plus de 100 000 bandes d’aluminium éclairées par l’arrière qui atténuent les sons extérieurs, diffusent la lumière uniformément dans toute la pièce et attirent la poussière qui est ensuite aspirée par des conduits d’aération invisibles. Semblant sorti d’un film de la série Star Trek, il possède également des portes pneumatiques.

Mobilier d’origine
À proximité se trouvent un ensemble de salles de réunion plus petites mais tout aussi hermétiques dont une en forme de feuille où étaient accueillies les délégations étrangères. Toutes ces pièces conservent leur mobilier d’origine également conçu par Oscar Niemayer.
Contrairement à ce que vous pourriez penser, il n’y a aucun portraits de Lénine accroché aux murs des couloirs, mais au 5e étage se trouve une œuvre du peintre communiste Fernand Léger inspirée du poème de Paul Eluard « Liberté, j’écris ton nom ». Enfin, depuis le dernier étage un escalier en spirale conduit sur la terrasse du toit où des formes de béton sculptées comme des ziggourats ont été créées afin de cacher les équipements d’air conditionné. Un poste d’observation qui offre de superbes vues sur Paris et plus particulièrement sur le Sacré Cœur.

13 Septembre 2013
Thierry Joly

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