Fugue baroque à Dresde

Zwinger © T.Joly
Patiemment reconstruite depuis la fin de la seconde guerre mondiale, Dresde a retrouvé sa splendeur. Riche de 37 musées, 36 théâtres et 9 ensembles musicaux, cette ville allemande située entre Leipzig et Prague a tout pour séduire les amateurs d’art.

[ Pratique ]

– Y aller
Vols Lufthansa avec escale à Francfort ou Munich.
Distant de 9 km, l’aéroport est relié au centre ville par une ligne de bus.
- Hébergement
Hôtel Kempinski, dans l’ancien palais Taschenberg
Westin Hotel Bellevue, au bord de l’Elbe
Mercure Newa, design intérieur original
Nombreux établissements de 3 et 4*
- Restaurants
Alte Meister, cadre ancien, cuisine raffinée
Luisenhof, vue panoramique sur Dresde, cuisine saxonne
- Sortir
Opéra Semper, www.semperoper.de
Orchestre philarmonique de Dresde, www.dresdnerphilarmonie.de
Vie nocturne du quartier de Kunsthof
- Se déplacer
Un réseau de tramways permet de se déplacer facilement dans toute la ville.
- Bon à savoir
La Dresden City Card (21 € pour 48 h) permet d’utiliser tous les bus et tramways, permet d’accéder gratuitement à 12 musées et donne droit à des réductions dans les autres.
En l’absence de vols directs il faut compter environ 4 h pour rejoindre Dresde depuis Paris, un séjour minimum de 3 jours / 2 nuits est donc préférable.
- T.O
Voyageurs du Monde, DB France, Europauli, Expedia.fr, proposent des week-ends à Dresde.
Compter 270 à 350 € par personne pour un week-end de 3j / 2n en chambre double et hôtel de 3 – 4* avec petit déjeuner.
- Renseignements
Office allemand du Tourisme, tel : 0140200746
Dresden Tourism :
www.dresden.de/dwt/
Toute découverte de Dresde devrait commencer par une visite de la Frauenkirche, une étonnante église protestante de style baroque dotée de 5 galeries superposées capables d’accueillir jusqu’à 3 500 fidèles. Non seulement parce qu’elle est le monument emblématique de la ville, mais aussi parce qu’elle en donne la plus belle vue d’ensemble depuis sa coupole de 91 m de haut. L’endroit idéal pour apprécier la richesse architecturale de la vieille ville lovée sur les berges de l’Elbe qui sont classées au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 2004.


Zwinger © T.Joly
 Florence sur Elbe
Difficile d’imaginer que tout n’était plus que ruines au matin du 15 février 1945 après un terrible bombardement allié. Mais, tous les édifices historiques ont été patiemment et soigneusement restaurés. Un travail de fourmi qui ne s’est achevé qu’en octobre 2005 avec la réouverture de la Frauenkirche. La capitale du land de Saxe a ainsi retrouvé sa splendeur des 17e – 18e siècles et justifie de nouveau son surnom passé de « Florence sur Elbe ». Elogieuse comparaison qu’elle doit à son patrimoine architectural mais également à ses musées dont deux figurent parmi les touts premiers d’Europe. L’un, la Galerie des Maîtres Anciens, rassemble tous les plus grands noms de la peinture européenne. Vermeer, Rembrandt, Raphaël, Watteau, Dürer,… L’autre, la Voûte Verte, recèle une incroyable collection de chefs d’œuvre d’orfèvrerie et de joaillerie mêlant ambre, ivoire, or, diamants, rubis et émeraudes. Avec comme joyau une représentation de la cour du Grand Moghol constituée de 137 personnages dorés et émaillés rehaussés de 5 000 pierres précieuses !!


Zwinger © T.Joly
Voilà pour les incontournables. Cependant, une trentaine d’autres établissements présentent des collections aussi riches que variées. Marionnettes européennes et asiatiques au musée des Arts et Traditions Populaires de Saxe. Sculptures antiques et renaissances, toiles impressionnistes et peintures allemandes des 18e – 19e siècles à l’Albertinium. Instruments de physique, de mathématique et d’astronomie remontant pour certains au 16e s au Salon de Mathématique – Physique. Œuvres de Toulouse-Lautrec, Picasso, Dürer et le seul dessin connu de Van Eyck au Cabinet d’Estampes… Dans cette ville où fut inventé le soutien-gorge il existe même un musée dédié à l’hygiène.
Des collections qui, pour la plupart, furent initiées au 17e-18e s par le prince électeur Auguste le Fort. Un souverain éclairé dont la politique artistique fut perpétuée par son fils Auguste III. C’est lui qui fit l’acquisition du tableau de Raphaël, la Madone Sixtine, dont les deux angelots pensifs sont devenus des symboles de la ville.



Château © T.Joly
 Grands bâtisseurs
Les deux hommes s’employèrent en outre à en faire une des plus belles capitales d’Europe et c’est sous leur règne que virent le jour ses plus imposants monuments. La Frauenkirche, bien sûr. La Hofkirche, la plus grande église de Saxe, de style baroque italien, promue cathédrale catholique en ces terres protestantes lorsque Auguste le Fort se convertit pour pouvoir devenir roi de Pologne. Le palais Taschenberg, construit pour l’une de ses maîtresses, aujourd’hui un luxueux hôtel. Mais leur chef d’œuvre est le Zwinger, gracieux ensemble de palais, de pavillons et d’orangeries agencés autour d’une vaste cour ornée de bassins et de fontaines. Considéré comme la plus belle expression du baroque allemand, il servait de cadre aux festivités données par les souverains et abrite maintenant leurs collections d’œuvres d’art.


Opera Semper © T.Joly
Au fil des promenades, Dresde dévoile toutefois d’autres facettes architecturales. Le style Renaissance de son château des 15e-17e s qui héberge la fameuse Voûte Verte et porte sur ses murs une fresque de 25 000 carreaux de porcelaines où paradent les 35 souverains qui régnèrent sur la Saxe. Le classicisme de l’Opéra Semper, du nom de ses bâtisseurs, qui depuis son ouverture au 19e s est l’une des plus importantes scènes lyriques du monde. Sans oublier les édifices communistes des années 60- 70, nombreux près de la gare où certains immeubles ont été réhabilités avec succès. Le design intérieur de l’hôtel Mercure Newa en est un parfait exemple. Il montre la créativité des architectes allemands du 21e s qui laissent libre cours à leur talent en dehors du centre historique. La nouvelle synagogue en est un autre témoignage. Dresde n’est donc pas qu’une ville musée. Depuis la chute du Mur, elle fait preuve d’un grand dynamisme et toutes les couches de la société croquent à pleines dents la liberté retrouvée.


Kunsthof © T.Joly
 Une ville dynamique
Sur l’autre rive de l’Elbe, dans le quartier de Neustadt, la statue équestre en bronze doré d’Auguste le Fort assiste à l’essor d’une vie bourgeoise. Restaurants huppés et galeries d’artistes en vogue y côtoient demeures cossues et hôtels particuliers baroques ou classiques.
A peu de distance de là, à la périphérie de cet univers feutré, noctambules, intellectuels branchés et membres du monde alternatif se retrouvent dans le Kunsthof. Un labyrinthe d’anciens immeubles ouvriers du 19e s, d’arrière-cours et de passages envahis de bars, de magasins éthiques, de scènes artistiques et de locaux associatifs. Mais il existe aussi des lieux et des manifestations qui rassemblent tous les habitants quelque soit leur statut social. Ainsi en est-il du marché de Noël, une tradition qui remonte à 1434, du marché aux puces, qui se tient le samedi matin sur les bords de l’Elbe, ou encore des pelouses qui s’étendent sur sa rive droite. En été et au printemps, tout le monde y vient pour discuter, boire un verre ou pique-niquer dans une atmosphère conviviale. Avec comme panorama une magnifique vue sur le centre historique, celle qu’immortalisa le peintre vénitien Canaletto au 18e s.


15 Décembre 2017
Thierry Joly 




[ L'Elbe ]

Le long de l’Elbe, deux sites proches de Dresde méritent un détour. En amont, bâti sur ses berges, le palais baroque de Pillnitz est le premier. Résidence d’été des princes de Saxe qui y oubliaient les contraintes de la cour, il est décoré de chinoiseries et entouré d’un vaste parc où se cachent élégants pavillons, orangerie, palmeraie et serre de camélias. Le moyen le plus agréable de s ‘y rendre est d’emprunter un bateau à aube car le trajet permet de découvrir les vignes et les petits villages aux maisons colorés qui s’alignent le long du fleuve.
De l’autre côté de Dresde, en aval, la ville de Meissen semble tout droit sortie du Moyen-Age. Perchés sur un éperon rocheux, sa cathédrale gothique et son château dominent l’Elbe et un lacis de ruelles bordées de maisons aux toits de tuiles rouges et de petits restaurants où goûter les vins produits aux alentours. Des touristes du monde entier y affluent pour visiter sa manufacture de porcelaine, la première à avoir vu le jour en Europe, en 1710.