Souvenirs de la Grande Guerre

Fismes © T.Joly
La Marne fut l’un des principaux champs de bataille de la Première Guerre Mondiale. De nombreux monuments et sites perpétuent le souvenir des soldats Français, Américains, Allemands et d’autres pays qui y ont combattu et perdu la vie. Même chose dans le département voisin de la Meuse. Cette année plusieurs manifestations célébreront le 90e anniversaire de l’Armistice.

[ Pratique ]

- Y aller
Route
145 km de Paris à Reims par l’autoroute A 4. Suippes est 40 km plus loin et l’Argonne 90 km plus loin.
Train
TGV Paris Gare de l’Est – Reims (45 mn)
- Bon à savoir
Pour accéder aux champs de bataille et aux monuments il est nécessaire d’avoir une voiture
- Hôtels - restaurants
Le Tulipier à Vienne-le-Château
La Source du Py à Sommepy-Tahure
Le Cheval Rouge à Sainte-Menehould
- Les Sentiers Scènies de Sommepy-Tahure
0326682164
www.sentiers-scenies.com
- Centre d’Interprétation de Suippes
0326682409
www.marne14-18.ff
- Verdun, son et lumière « Des Flammes à la Lumière »0329845000
www.connaissancedelameuse.com/
- Informations sur les commémorations et les manifestations
www.champagne1418.net
www.offensives1918-meuse.com
- Informations générales
CDT des Ardennes
0324566773
www.ardennes.com
CDT de la Meuse
0329457540
www.tourisme-meuse.com
CDT de la Marne
0326683752
www.tourisme-en-champagne.com
A seulement 130 km et moins d’une heure de train de Paris, la Marne est connue de tous les touristes pour le champagne et pour Reims, la ville où les rois venaient jadis se faire couronner dans sa superbe cathédrale qui reste l’un des plus bels édifices religieux de France.


Blanc Mont © T.Joly
 Batailles de la Marne
Mais, en cette année de 90e anniversaire de la fin de la Première Guerre Mondiale il faut se souvenir que ce département fut aussi l’un des principaux champs de bataille du conflit. Par deux fois les Allemands y furent arrêtes alors qu’ils tentaient d’atteindre Paris, ce qu’on appelle les batailles de la Marne. La première fois en 1914, et, à Mondement, au sud d’Epernay, un menhir de béton ocre de 35 m marque l’avancée extrême de l’invasion bloquée par des renforts français amenés de Paris en taxi !!! A l’Est d’Epernay, à Dormans, dans la vallée de la Marne, la « Chapelle des Victoires » surplombe le lieu où les Allemands franchirent le fleuve à la fois en 1914 et en 1918. Durant cette seconde offensive les attaques portèrent de part et d’autres de Reims qui résista notamment grâce au Fort de la Pompelle, aujourd’hui transformé en Musée de la Grande Guerre. A Bligny, à une quinzaine de km au sud-ouest, sont inhumés plus de 4 000 militaires Italiens morts à cette occasion.


Marne © T.Joly
 Premier engagement majeur des Marines
De très violents affrontements eurent également lieu dans le département voisin de l’Aisne. C’est d’ailleurs là, à Oulchy-le-Château, sur la Butte Chalmont, que s’élève la sculpture qui rend hommage à toutes les unités ayant participé à cette bataille, une œuvre émouvante de Paul Landowski baptisé « Les Fantômes ». A proximité se trouve aussi deux cimetières militaires américains, l’un à Fère-en-Tardenois, l’autre à Belleau, où les Marines, commandés par le Général Hartwood, connurent leur premier engagement majeur et acquirent une réputation de bravoure. Un épisode commémoré par un monument aux portes de Château-Thierry.
Entre ces deux dates, dans la Marne, comme partout ailleurs, le conflit s’est enlisé dans les tranchées et le front n’a bougé que de quelques km dans un sens ou dans l’autre au prix de dizaines de milliers de morts.



Saint Hilaire le Grand © T.Joly
 Cimetière Russe
De nombreux cimetières Français et Allemands sont là pour témoigner de cette boucherie, mais bien des hommes d’autres nationalités sont morts dans les plaines champenoises. A Saint-Hilaire-le-Grand, au milieu d’un petit bois se cache ainsi une église orthodoxe et un cimetière russe. Ironie de l’histoire, quand la Révolution de 1917 éclata, ce corps expéditionnaire se déchira lui aussi entre pro communistes et pro tsars et il fallut que l’armée Française intervienne pour empêcher qu’ils ne s’entretuent !!!!
A Suippes, à l’Est de Reims, qui se situait près de la ligne de front, un très intéressant Centre d’Interprétation présente d’ailleurs toutes les armées des Nations qui ont participé aux batailles de la région. Il donne aussi d’instructives explications sur les évolutions du front et les armes employées. Parmi elles, les Etats-Unis, qui furent présents dans la Guerre par des volontaires bien avant l’arrivée de leur armée en 1917.



Navarrin © T.Joly
 En hommage aux légionnaires
Dans le camp militaire voisin se trouve ainsi un monument érigé par une famille américaine en mémoire de leur fils Henry Farnsworth et de ses camarades légionnaires morts au combat en 1915. Si vous souhaitez le voir ne manquez pas le 11 novembre prochain, à l’occasion de la célébration de l’Armistice, le camp militaire sera exceptionnellement ouvert au public qui pourra aussi y découvrir les ruines de villages détruits pendant cette guerre et jamais reconstruits. Toujours dans le même secteur, il y avait jadis une ferme appelée Navarin où le poète Blaise Cendrars perdit une main en 1915, le même jour où fut tué Henry Farnsworth. S’étant trouvée au milieu de la ligne de front pendant des mois et des mois, elle fut rasée et, aujourd’hui, sur le même lieu s’élève l’ossuaire de Navarin qui abrite les restes de 10 000 soldats. Dans la crypte repose le Général Gouraud qui commandait ce secteur et qui a demandé à être inhumé au milieu de ses hommes. Il a également servi de modèle pour l’une des trois sculptures de soldats qui surplombent le monument. Celle du centre.


Monument Russel © T.Joly
 Pont Mémorial
Quant au combattant armé d’une mitrailleuse qui se tient à sa gauche, il a les traits de Quentin Roosevelt, fils du président des Etats-Unis et aviateur qui fut abattu en juillet 1918. C’est l’année où les troupes américaines commencèrent vraiment à participer aux combats et elles jouèrent un rôle décisif dans la victoire finale. Plusieurs monuments ou stèles rappellent les faits d’arme d’unités ou de simples soldats. A Fismes, au nord ouest du département, l’Etat de Pennsylvanie a érigé un pont mémorial orné de lanternes des morts et des statues de la Liberté et de la Paix. Il commémore la reprise de la ville par la 28e division en août – septembre 1918. Une unité qu’aurait jadis commandé le Général Custer, ce qui explique les gravures de bisons qui ornent la base des lanternes !!! A 4 km, à Courville, dans une région où abondent les abbayes, une fontaine a été édifiée par la famille de William Russel, aviateur mort en août 1918 et enterré dans le cimetière du village.


Stèle Freddie Stowers © T.Joly
 Une stèle au milieu des champs
Une fois les lignes allemandes enfoncées, le nord de la Marne fut un autre secteur où s’illustrèrent les forces américaines. Parfois au prix de lourdes pertes, comme sur la butte de Blanc Mont, près de Sommepy-Tahure où s’élèvent maintenant un cimetière et un Mémorial en leur honneur. De son sommet se découvre un vaste panorama sur le champ de bataille et, en contrebas, il est encore possible de distinguer les anciennes tranchées allemandes. Encore plus près des Ardennes, sur le territoire de Grateuil, près de la ferme de Bussy, une simple stèle au milieu des champs rappelle l’héroïsme de Freddy Stowers. En 1991, à titre posthume il devint le seul soldat Noir Américain de la Première Guerre Mondiale, à avoir reçu la Médaille d’Honneur, la plus haute distinction militaire des Etats- Unis. Ce sont les survivants de son unité, le 371e régiment d’Infanterie, qui se sont cotisés pour ériger cette stèle en mémoire de cet homme et de ses camarades morts à la fin septembre 1918.


Camp de la Vallée Moreau © T.Joly
 Camp Allemand
Les troupes Américaines menèrent aussi de grandes offensives en Argonne, une région accidentée et boisée située au nord-est de la Marne.
Un secteur que les Allemands avaient bien fortifié comme en témoigne au nord de Vienne-le-Château, dans le bois de la Gruerie, le camp de la Vallée Moreau. A moitié enterré dans une colline, par protection contre les bombardements, il a été restauré par des bénévoles et constitue un exemple quasi unique de camps retranché. Un peu plus loin, entre Blainville et Charlevaux, une borne plantée sur la droite de la route indique le vallon où 8 unités de la 77e Division d’Infanterie Américaine furent encerclées par les Allemands pendant plusieurs jours et perdirent une grande partie de leurs hommes. Le fameux épisode du Lost Batallion, immortalisé par un film dès 1919.



Site action du Sgt York © T.Joly
 Sergent York
Autre épisode célèbre, à quelques km au nord, dans les Ardennes, à Chatel-Chehery, se trouve le lieu où le Sergent Alvin York devint l’un des héros les plus connus des Etats-Unis. Une plaque commémorative lui est dédié devant la mairie. C’est juste à coté du village, dans un paysage vallonné et aujourd’hui paisible que le 8 octobre 1918 ce natif du Tennessee conduisit une attaque au cours de laquelle furent capturés 32 mitrailleuses et 132 allemands. Un exploit qui lui valut de devenir le soldat Américain le plus décoré de la Première Guerre Mondiale et un film tourné en 1941 raconte son histoire avec Gary Cooper dans son rôle.
L’Argonne s’étend aussi sur le département de la Meuse, tout proche, où il existe également plusieurs sites liés à la Première Guerre Mondiale. A Romagne-sous-Montfaucon se trouve le plus grand cimetière militaire Américain d’Europe avec 14 246 soldats enterrés dans son enceinte.



Monument Argonne © M.Petit / CDT Meuse
 Offensive Américaine en Meuse
A Montfaucon d’Argonne, un monument dominé par une colonne dorique de plus de 60 m de haut et surmontée d’une statue de la Liberté commémore l’offensive américaine en Meuse – Argonne à l’automne 1918. Une région où de violents combats s’étaient déjà déroulés au début de la guerre. A Lachalade, un monument
 exalte ainsi la mémoire des deux petits-fils de Garibaldi, 
Bruno et Constant, tués en décembre et janvier 1915, 
ainsi que 500 volontaires italiens 
qui vinrent combattre aux côtés de la France. Par ailleurs, près de cette commune se trouve le Kaiser Tunnel, un réseau de 455 m de galeries souterraines creusées par les Allemands qui abritaient hôpital, centrale électrique et central téléphonique. Qui veut découvrir d’autres sites peut aller encore plus à l’Est jusqu’à Verdun, la bataille la plus célèbre de la Guerre.


Sommepy-Tahure © T.Joly
 Reconstruit grâce aux dons
Au sud de cette ville se trouvent le cimetière américain de Saint-Mihiel et le monument commémoratif de Montsec. Tous les deux perpétuent le souvenir de la première offensive et victoire en solo des troupes américaines commandées par le général Pershing, en septembre 1918.
Mais l’aide des Etats-Unis à la France s’est poursuivi après la fin de la guerre. Dans la Marne, le village de Sommepy-Tahure a pu être reconstruit grâce au dons qu’un des ses habitants, le Lieutenant Lhuillier, est allé récolté dans plusieurs Etats de la côte Est en donnant des conférences. A la mairie, un petit musée rappelle cette histoire et chaque été un parcours audio vidéo nocturne à travers le village dépeint son histoire et celle de ses habitants avant, pendant et après la guerre. Autre exemple, l’hôpital pour enfants de Reims a été construit dans les années 20 grâce à des fonds américains et les noms des donateurs figurent toujours dans les salles ainsi que des fresques d’origine.


21 Mai 2008
Thierry Joly