Vienne, un vignoble sauvé de l’oubli
© T. Joly
Un groupe de vignerons ont redonné vie au vignoble le plus septentrional de la vallée du Rhône. Situé dans le département de l’Isère, près de Vienne et Seyssuel, il donne d’excellents vins puissants et épicés.

[ Pratique ]

Y aller
- Route
495 km de Paris à Vienne par l’autoroute A6
- Train
TGV de Paris Gare de Lyon à Lyon Part Dieu, puis TER train de Lyon Part Dieu à Vienne. Le trajet dure autour de 2 h 45 mn.
Se loger
La Pyramide
Ibis Saint Louis
Domaine des 7 Fontaines, à Seyssuel
Restaurants
La Pyramide
L’Estancot
Domaine des 7 Fontaines, à Seyssuel
Le Restique
Le Bistrot d’Auguste
Informations
- Vitis Vienna et domaines
www.vitisvienna.com
- Office de Tourisme de Vienne
Tel : 0474537010
www.vienne-tourisme.com
Ne croyez pas être ignorant sur le vin si vous ne savez qu’il se produit des vins à Vienne, la ville situé une trentaine de km au sud de Lyon, pas la capitale de l’Autriche. De nos jours, très peu de gens le sont. Pourtant, à l’époque romaine, des auteurs tels que Plutarque et Pline le Vieux louaient ces vins principalement produits près du village de Seyssuel, à 7 km, mais connus comme venant de Vienne car la ville était l’une des plus importantes de la Gaule. Plusieurs monuments rappellent cet âge d’or, dont un théâtre accueillant un festival de jazz, un forum et un superbe temple dédié à Auguste et Livie.


Temple d'Auguste et Livie © T. Joly
 Redécouvert dans les années 90
Au début du 17e siècle, le célèbre agronome français Olivier de Serres déclarait que ce vignoble de la rive gauche du Rhône était bien plus ancien que ceux de l’autre côté du fleuve, Saint-Joseph, Condrieu et Côte-Rôtie. En effet, selon certains historiens, les premières vignes furent plantées autour de 125 Av JC. Au milieu du 19e siècle, le vignoble couvrait encore une centaine d’ha de coteaux dans la région. Mais, en 1883, le phylloxera arriva et en quelques années il fut réduit à rien. Il y eut bien des replantations, mais la Première Guerre Mondiale, l’industrialisation et les vins bon marché du Sud de la France conduisirent à la disparition de ce vignoble.
Sa redécouverte intervient dans les années 90 grâce à trois vignerons des appellations Condrieu et Côte-Rôtie. Ayant entendu parler des vins de Vienne et Seyssuel par les écrits d’Olivier de Serres, Pierre Gaillard convainquit ses collègues Yves Cuilleron et François Villard d’aller jeter un coup d’œil aux coteaux schisteux environnant ces deux villes.


© T. Joly
 30 ha de vignes en coteaux
Ayant trouvé des traces de viticulture en particulier des terrasses abandonnées et détruites, ils créèrent la société Vins de Vienne, achetèrent des parcelles de terre, y arrachèrent arbres et buissons, reconstruisirent des murs de soutien, de nouvelles terrasses et, en 1996, plantèrent des pieds de Syrah et de Viognier.
Les premières récoltes ayant confirmé la qualité et le potentiel du terroir, ils ont depuis été rejoints par d’autres vignerons de la vallée du Rhône et en l’espace de 20 ans le vignoble de Seyssuel est passé de rien à plus de 30 ha exploités par 13 domaines. Principalement situé autour de Seyssuel, mais aussi près de Chasse-sur-Rhône et Vienne, c’est l’un des plus beaux vignobles de France. Exposées sud et sud-ouest, dominant le fleuve, plantées sur des coteaux où la pente atteint jusqu’à 60°, les vignes sont parfois cultivées en échalas, comme à l’époque romaine, en particulier sur les petites terrasses.
Elles ne sont pas toujours faciles à trouver car les parcelles sont petites et assez souvent invisibles depuis les routes. Cependant, durant la saison touristiques, l’Office de Tourisme de Vienne organise une visite du vignoble en petit train un samedi par mois.


Yves Cuilleron © T. Joly
 Rencontrer les vignerons
Quant aux caves, une seule est située à Vienne, Les Serines d’Or. Les autres se trouvent dans des villages de la rive droite du Rhône d’où les vignerons sont originaires tels que Chavanay et Ampuis. Mais, ce n’est qu’à 7 à 20 km et le bon côté de la chose est qu’aller là-bas vous permet non seulement de goûter les vins de Seyssuel mais aussi ceux très réputés de Saint-Joseph, Condrieu et Côte-Rôtie.
Une autre option est d’aller à Vienne lorsque se déroulent les manifestations organisées par l’Office de Tourisme et Vitis Vienna, l’association regroupant les 13 domaines. La principale est « Les Pressailles » qui se tient début novembre et comprend des visites guidées des vignes, dégustation de vins et dîner buffet avec les vignerons. Par ailleurs, le premier mardi de chaque mois, un des vignerons présente ses vins au bar à vins le BarCarOlle et le deuxième jeudi une dégustation des vins de Vitis Vienna est organisée après un concert de jazz. Fin novembre, se tient en outre un salon des vins à Seyssuel.


© T. Joly
 Bientôt une AOC
L’essentiel de la production est composée de rouges mais il existe quelques blancs et en mémoire de l’origine du vignoble, de nombreux vignerons donne des noms romains à leurs cuvées tels que Asiaticus, Sixtus, Saxeolum, Taburnum, Sotanum, Héluicum, Lucidus. Ils sont vendu sous l’appellation IGP Collines Rhodaniennes mais sont plus chers que ce que l’on peut attendre pour cette catégorie de vins. En raison des pentes et de la petite taille des vignes, la mécanisation est en effet presque impossible, ce qui signifie des coûts de production élevés. De plus, les vignerons de Vitis Vienna ont chois d’opter pour la qualité et se limitent à de petits rendements. Les prix commencent donc généralement autour de 20 € la bouteille mais elles valent cette somme et les vignerons espèrent obtenir l’AOC prochainement, d’abord en tant que membre de la famille des Côtes du Rhône avec l’idée de se voir ensuite accorder le statut de Cru.

29 Août 2016
 Thierry Joly