Sur la route de l’absinthe

Musée de Pontarlier © T.Joly
De nouveau autorisée, surnommée « la Fée Verte », l’absinthe revient à la mode. Deux régions de France et de Suisse ont créé un itinéraire touristique pour en savoir plus sur l’histoire et la production de cette boisson alcoolisée.

[ Pratique ]

Y aller
- Route
470 km depuis Paris par les autoroutes A6, A31 et A36 jusqu’à la sortie 4, puis par la N57 jusqu’à Pontarlier.
- Train
TGV Lyria de Paris Gare de Lyon jusqu’à Frasnes puis TER jusqu’à Pontarlier. Le trajet demande trois heures.
Se loger
- Pontarlier
Hôtel Saint-Pierre
Ibis
Hôtel Campanile
-Suisse
Hôtel de l’Aigle à Couvet
Restaurants
- Pontarlier
L’Alchimie
La Pinte Comtoise
Les Papillons
Brasserie de la Poste
Hôtel Saint Pierre
Pause déjeuner à La Cluse-et-Mijoux
- Suisse
Hôtel de l’Aigle à Couvet
Chapeau de Napoléon à Saint-Sulpice
Au Grenier Gourmand à Travers
Se déplacer
Il est nécessaire d’avoir une voiture pour suivre la Route de l’Absinthe
Absinthiades
Edition 2014 les 4 et 5 octobre
Musée de Pontarlier
Ouvert samedi et dimanche de 14 h à 18 h, lundi, mercredi, jeudi et vendredi de 10 h à 12 h et de 14 h à 18 h.
Tel : 0381388214
www.ville-pontarlier.com
Absintherie du Père François
Tel : 00 / 41328612318
www.absintherie.ch
Distillerie Les Fils d’Emile Pernot
Tel : 0381390428
www.emilepernot.fr
Distillerie Pierre Guy
Tel : 0381390470
www.pontarlier-anis.com
Informations
- CRT Franche Comté
Tel : 0381250800
www.franche-comte.org
- Office de Tourisme de Pontarlier
Tel : 0381464833
www.pontarlier.org
- Office de Tourisme Neuchâtelois / Val de Travers
Tel : 00 / 41328896896
www.neuchateltourisme.ch
- Route de l’Absinthe
www.routedelabsinthe.com
Spiritueux à base de plantes et d’anis de 45° à 72° d’alcool, l’absinthe était très appréciée des artistes et écrivains bohèmes du 19e siècle et du début du 20e siècle comme Baudelaire, Verlaine et Van Gogh qui affirmaient qu’elle développait les facultés créatrices et l’avaient surnommée « la Fée Verte ». Cependant, les ligues de tempérance soutenaient qu’elle provoquait la folie chez les buveurs réguliers et elle a été interdite pendant presque un siècle.


© T. Joly
 Rituel élaboré
Aujourd’hui de nouveau autorisée, l’absinthe est de retour dans les magasins et les bars mais sa réputation sulfureuse de boisson hallucinogène entraînant une dépendance et nocive pour le cerveau continue à la poursuivre. Le rituel élaboré et fascinant de sa préparation contribue également à l’aura de mystère qui l’entoure encore. Pour commencer, cet alcool fort est versé dans un verre à absinthe sur lequel est placée une petite cuillère percée. Puis, un morceau de sucre est mis sur cette cuillère et de l’eau glacée est versée goutte-à-goutte dessus. Comme le pastis, l’absinthe est en effet diluée dans trois à cinq volumes d’eau et l’ajout d’eau joue un rôle important dans le goût final car il permet aux plantes de s’ouvrir et de faire ressortir de nombreux d’arômes sans cela écrasé par l’anis.


© T.Joly
 Née en Suisse
Si l’absinthe est de nos jours fabriquée dans une douzaine de pays du monde entier, son berceau historique se trouve dans deux régions limitrophes de France et de Suisse. Pontarlier et ses environs, dans le département du Doubs, du côté français. Le Val de Travers, entre la frontière et Neuchâtel, du côté suisse
Tout le monde s’accorde pour situer la naissance de l’absinthe autour de 1770 dans le Val de Travers. Par contre, selon que l’on se trouve d’un côté ou de l’autre de la frontière, l’histoire n’est pas la même quant aux rôles respectifs joués par une suissesse, Henriette Henriod, et un médecin itinérant français, le docteur Pierre Ordinaire.
D’abord une potion médicinale, elle devint vite un apéritif très populaire après qu’un certain Major Dubied ait acquis sa composition et ouvert une distillerie en 1797 à Couvert, dans la Val de Travers.



© T.Joly
 Une route de 50 km
Puis, en 1805, pour éviter de payer de lourdes taxes d’exportation, il envoya son gendre Henri-Louis Pernod ouvrir une distillerie en France, à Pontarlier, où un siècle plus tard 25 distilleries élaboraient annuellement plus de 10 millions de millions de litres d’absinthe, la moitié de la production nationale !!!
Ces deux régions ont donc eu l’idée de créer une Route de l’Absinthe à la fois pour promouvoir cette boisson et attirer les amateurs ou les touristes qui veulent en savoir plus sur elle. Longue d’environ 50 km, elle répertorie et passe par les villes et villages où se trouvent des musées et des sites qui évoquent son histoire, des distilleries, des cavistes et des bars qui la vendent, des magasins proposant des produits à base d’absinthe et des restaurants servant des plats confectionnés avec de l’absinthe.
En France, cette route débute à Pontarlier où chaque premier week-end d’octobre des amateurs du monde entier se réunissent à l’occasion des Absinthiades.



Absinthiades © T.Joly
 La meilleure absinthe européenne
Une manifestation dont le temps fort est un concours désignant la meilleure absinthe européenne. Mais, elle comprend aussi des expositions, des conférences, des spectacles et un salon de collectionneurs d’objets liés à l’absinthe. En juillet la ville est en outre le siège d’une Fête de l’Absinthe qui célèbre la cueillette de cette plante par des dégustations, des défilés de fanfares, des démonstrations d’anciens métiers, des expositions sur l’histoire de l’absinthe et des concerts. En dehors de ces deux week-ends, les touristes peuvent se rendre dans deux distilleries qui perpétuent la tradition et proposent aux touristes des visites guidées suivies d’une dégustation. La Distillerie Pierre Guy, dans le centre ville, et la Distillerie Les Fils d’Emile Pernot qui est située à quelques kilomètres, à la Cluse-et-Mijoux, au pied de l’impressionnant château de Joux qui se dresse au sommet d’un promontoire commandant le col menant en Suisse.


Musée de Pontarlier © T.Joly
 Différentes recettes
Un autre lieu incontournable est le Musée de la ville où plusieurs salles retracent l’histoire de l’absinthe, expliquent les raisons de son interdiction et le mode de fabrication à travers alambics en cuivre, bouteilles, verres, objets, anciennes photographies, affiches publicitaires, catalogues, livres, journaux et propagandes des ligues de tempérance.
Selon les recettes des distillateurs, l’absinthe est verte ou blanche et jusqu’à 15 plantes peuvent entrer dans sa composition. Les plus communes sont la petite absinthe, aussi appelée armoise pontique, l’anis vert, le fenouil, l’hysope, la mélisse et la grande absinthe. C’est l’un des composants de cette dernière, la thuyone, qui a été accusée de causer la folie et il ne doit désormais pas excéder 35 mg / litre.
Les distilleries utilisent donc aujourd’hui moins d’un kg de grande absinthe pour 100 litres contre 6 à 7 kg jadis.



Séchoir à absinthe de Boveresse © T.Joly
 Distilleries plus nombreuses en Suisse
En conséquence, très peu de fermes cultivent cette plante et la seule ouverte au public en France est le GAEC de l’Absinthe, situé à Grange-Narboz, a 5 km de Pontalier. Mais son activité principale est la production de lait.
En Suisse, une association de cultivateurs d’absinthe propose sur demande des excursions dans les champs, mais la plante n’est cultivée que sur 3 000 m2 alors qu’elle couvrait 300 ha autour de Boveresse au début du 20e siècle. D’où la taille de l’ancien séchoir à absinthe qui est visible dans ce village. Il abrite désormais une exposition sur les activités paysannes d’antan.
Pourtant, la Suisse compte bien plus de distilleries que la France. En dépit de l’interdiction, la production n’a en effet jamais cessé dans le Val de Travers car des dizaines de contrebandiers faisaient de l’absinthe clandestinement et plusieurs d’entre eux opèrent aujourd’hui leur alambic légalement.



Absintherie Le Père François © T.Joly
 Micro distilleries
Quelques nouveaux venus les ont rejoints et il y a des distilleries dans presque tous les villages, des grandes avec une réputation internationale bien établie comme Kübler, ainsi que des toutes petites. Parmi ces dernières, faites en sorte de visiter Le Père François car il possède aussi un très intéressant musée abritant une étonnante collection de bouteilles, d’objets, d’affiches et de cartes postales sur l’absinthe. Il est situé à Môtiers, où le Musée Mascarons a lui aussi une salle dédié à l’absinthe. De plus, une Maison de l’Absinthe comprenant centre d’interprétation, salles de dégustations et magasin devrait être inaugurée dans la même ville courant 2014.

10 Septembre 2014
Thierry Joly