Verdun, dans l’enfer de la Grande Guerre

Mess des officiers © T.Joly
La plus longue bataille du premier conflit mondial s’est déroulée à Verdun, dans la Meuse. Disséminés dans une forêt dense, de nombreux vestiges témoignent de la férocité des combats.

[ Pratique ]

Y aller
- Route
260 km depuis Paris par l’autoroute A4 jusqu’à la sortie 30 puis par la D163 jusqu’à Verdun
- Train
TGV de Paris Gare de l’Est à Meuse TGV puis car jusqu’à Verdun. Le trajet dure 1 h 40 mn.
Se loger
Les Jardins du Mess
Hôtel de Montaulbain
Hôtel Orchidées
Hôtel du Tigre
Le Privilège
Restaurants
La Péniche
Auberge de la Tour
Anna Maria
L’Abri des Pèlerins
Hôtel Orchidées
« Des Flammes à la Lumière »
Spectacle fin juin et juillet
Entrée : 20 € à 28 € / 12 € à 18 €
Tel : 0329845000
www.spectacle-verdun.com
Visites guidées ONF
Prix : 5 €
www.lesforetsdelhistoire14-18.fr
Informations
- CRT Lorraine
Tel : 0383800180
www.tourisme-lorraine.fr
- Meuse Tourisme
Tel : 0329457840
www.tourisme-meuse.com
- Office de Tourisme de Verdun
Tel : 0329861418
www.tourisme-verdun.fr
Verdun. Pour beaucoup de monde, en particulier en France et en Allemagne, ce nom est synonyme de Première Guerre Mondiale. C’est en effet autour de cette ville de l’Est de la France que se déroula l’un des épisodes les plus sanglants du conflits. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Du 21 février au 18 décembre 1916, 302 jours de combats acharnés et d’intenses bombardements firent 306 000 morts ou disparus et 400 000 blessés.


Fort de Souville © T.Joly
 Ensevelis sous la végétation
De nos jours, il est difficile de se faire une idée de l’aspect de la région à l’époque car après la Guerre 10 000 ha de résineux et de feuillus ont été plantés sur la Zone Rouge, le cœur du champ de bataille.
Pourquoi ?.. Pour préserver le lieu et en faire un site de mémoire mais aussi pour des raisons de sécurité et empêcher les gens de se promener ou de revenir s’installer sur des terres qui regorgeaient de munitions non explosées. Rien que le premier jour, les Allemands tirèrent un million d’obus sur un secteur de 20 km de large et 4 km de profondeur et 60 millions furent tirés durant toute la bataille. Or les historiens estiment que 25% n’ont pas explosé. Même maintenant, un siècle plus tard, les forestiers en retrouvent encore des centaines chaque année !!!
Certains vestiges de la bataille sont donc aujourd’hui ensevelis sous cette végétation, un peu comme les pyramides mayas dans la jungle mexicaine.



Visite guidée ONF © T.Joly
 Ruines impressionnantes
C’est le cas du fort de Souville, le seul ouvrage du dispositif défensif français qui résista aux Allemands lors de leur ultime tentative de prendre Verdun en juillet 1916.
Des sentiers permettent d’y aller assez facilement par soi-même. Cependant, il est bien plus intéressant de le découvrir dans le cadre d’une des visites guidées organisées tous les mois par l’ONF. En chemin, le guide montre en effet d’autres fortifications, des nids de mitrailleuses, des casemates, des vestiges de tranchées et explique où était la ligne de front, d’où venaient les attaques et les renforts. Il connaît aussi les parties les plus spectaculaires du fort dont les ruines sont impressionnantes bien qu’il ait été très endommagé par les bombardements et que les racines des arbres aient disloqué ses murs. Il est donc interdit et dangereux de pénétrer à l’intérieur.



Fort de Douaumont © T.Joly
 Forts de Vaux et de Douaumont
Si vous voulez voir à quoi ressemblait l’intérieur d’un fort, deux sont ouverts au public. Le fort de Vaux et le fort de Douaumont qui ont tous les deux été rapidement pris par les Allemands qui les ont ensuite occupés pendant plusieurs mois. Le premier possède quelques salles aménagées comme elles étaient à l’époque pour donner une idée des conditions de vie des défenseurs. C’est le seul où des combats ont eu lieu à l’intérieur. La garnison française y a résisté pendant 7 jours aux Allemands et ne se rendit que parce qu’elle n’avait plus ni eau ni munitions. Plus grand, le fort de Douaumont conserve quelques tourelles de tir dont une est visible de l’intérieur. Il fut pris par surprise, sans combat, mais alors qu’il était aux mains des Allemands un tir d’artillerie provoqua l’explosion d’un stock de munitions et 900 soldats furent tués. 670 reposent encore dans une galerie qui a été murée.


Fleury-devant-Douaumont © T.Joly
 Villages disparus
Non loin de là, au milieu des bois se trouve le site où s’élevait jadis Fleury-devant-Douaumont, l’un des neufs villages qui ont disparu durant la bataille.
Pris et repris 16 fois par les Allemands et les Français en deux mois, il fut complètement détruit et il n’en reste rien, même pas des ruines. Seuls quelques plots numérotés rappellent l’emplacement des maisons. La chapelle aujourd’hui visible a été bâtie après guerre en mémoire des morts. Comme l’abri des pèlerins construit un peu plus loin en 1920 pour accueillir les premiers visiteurs. C’est aujourd’hui un restaurant.
Toujours dans le même secteur, en face d’un cimetière militaire où reposent 16 000 soldats, se dresse le monument le plus imposant et le plus émouvant du champ de bataille : l’ossuaire de Douaumont. Long de 137 m, doté d’une tour de 46 m de haut, il a été construit de 1920 à 1935 à l’initiative de l’évêque de Verdun et avec l’aide financière de 120 villes françaises et 26 étrangères dont Liège et Chicago.



Ossuaire de Douaumont © T.Joly
 130 000 soldats inconnus
Il renferme les restes de 130 000 soldats non identifiés qui reposent sous 46 dalles en granit chacune portant le nom d’un secteur du champ de bataille. Il est possible d’accéder au sommet de la tour, mais la vue ne présente guère d’intérêt. Par contre ne manquez pas les vues stéréoscopiques sur plaques de verre exposées près de la boutique de souvenirs. Elles représentent des vues des combats, des soldats et des tranchées.
À côté, le Musée Mémorial est fermé pour rénovation jusqu’à la fin 2015. En attendant, une partie de ses collections est visible à Verdun dans le cadre d’une exposition intitulée « Que reste-t-il de la Grande Guerre ? ». Évoquant la bataille de Verdun mais aussi tous les aspects de la guerre et ses conséquences sur le monde, elle se tient au Centre Mondial de la Paix qui est installé dans l’ancien Palais Episcopal, un superbe édifice classique bâti au 18e siècle sous le règne de Louis XV. La cathédrale voisine mérite elle aussi un coup d’œil.



Cathédrale © T.Joly
 Ville agréable
Plus grand édifice roman de l’Est de la France, elle a été commencée en 990, puis remaniée au 14e siècle, d’où son très beau cloître de style gothique flamboyant. C’est un miracle que ces deux monuments aient survécu aux bombardements survenus pendant la bataille dont l’issue victorieuse est rappelée par un imposant mémorial qui domine la Meuse et le port de plaisance. Les quais la bordant constituent aujourd’hui le cœur de la ville avec de nombreux bars, restaurants et une zone piétonne où ont souvent lieu des concerts. S’y élèvent en outre deux monuments valant le coup d’œil. L’ancien mess des officiers dont la taille donne une idée du nombre de militaire vivant jadis en ville. La Tour Chaussée, haute de 20m, construite au 14e siècle qui était jadis l’une des trois porte d’entrée de la ville.


Fort de Douaumont © T.Joly
 Citadelle souterraine
Sous la ville haute, se cache en outre une citadelle souterraine creusée à la fin du 19e siècle qui, pendant les combats, abrita jusqu’à 2 000 soldats ainsi que des magasins de poudres et de munitions, un central téléphonique, un moulin, une boulangerie et des cuisines qui approvisionnaient les unités du front. C’est également là que fut choisi le soldat inconnu qui repose sous l’Arc de Triomphe à Paris. Une visite en wagonnet permet d’explorer une petite partie des 7 km de galeries et une exposition raconte la vie des soldats durant la bataille. Enfin, en juin et juillet, un spectacle son et lumière raconte l’histoire de la bataille. Intitulé « Des Flammes…. À la Lumière » c’est le plus important spectacle de ce genre sur la Première Guerre Mondiale, il met en scène 250 acteurs bénévoles, il se tient dans les anciennes carrières d’Haudainville, aux portes de Verdun.

31 Octobre 2016
Thierry Joly