AOC Bugey, peu connue mais méritant d’être découverte

© T. Joly
L’un des secrets les mieux gardés de la scène viticole française, les vins du Bugey sont produits dans l’Ain. Peu faciles à trouver en dehors de la région, ils vous surprendront par leur qualité et leur diversité.

[ Pratique ]

Y aller
- Route
515 km depuis Paris par les autoroutes A6, A40 et A42 jusqu’à la sortie 8 à Ambérieu-en-Bugey, puis par les D77, D1075 et D1504 jusqu’à Belley
- Train
TGV de Paris Gare de Lyon à Lyon Part Dieu puis TER de Lyon Part Dieu à Virieu le Grand Belley. Le trajet dure de 3 h à 3 h 45. Taxi de la gare à Belley qui est distant de 13 km.
Hébergement
- Hôtels
Sweet Home Hôtel, à Belley
Hôtel Rolland, à Montagnieu
- Chambres d’hôtes
Au Saint-Jean, à Belley
Clos de Luthézieu, à Belmont-Luthézieu
Demeure de Fierloz, à Artemare
Restaurants
Le Temporel, à Belley
Le Bouchon, à Belley
Auberge de la Fine Fourchette, à Virignin
L’art et la Manière, à Virieu le Grand
Hostellerie du Port de Groslée, à Groslée
Se déplacer
Il est indispensable d’avoir une voiture
Dégustation
Mots et Vins, Caroline Daeschler
Tel : 0630250599
Informations
- Vins du Bugey
www.vinsdubugey.net
- Ain Tourisme
www.ain-tourisme.com
Situé à l’extrémité sud de la chaîne montagneuse du Jura, limitrophe de la Savoie, le Bugey ne figure pas sur les grands itinéraires touristiques. Riche en cours d’eau et en zones humides, il offre pourtant des paysages superbes où pratiquer vélo, randonnée, équitation et ski de fond ainsi qu’un vignoble produisant des vins de qualité reconnus par une AOC depuis 2009. Mais il ne couvre que 550 ha et si vous ne savez pas exactement où aller vous pouvez parfaitement traverser cette région sans voir ni vigne ni domaine viticole.


© Aline Perier / Ain Tourisme
 Vignoble morcelé
Excepté peut-être autour de Cerdon où se trouve presque la moitié du vignoble et où est produit un vin très particulier. Un effervescent rosé, fruité, faiblement alcoolisé et relativement sucré qui est élaboré à partir des cépages gamay et poulsard.
Par contre, le reste du vignoble est très morcelé et disséminé entre une soixantaine de villages pour la plupart situés au sud d’une ligne allant de Vaux-en-Bugey au Mont Grand Colombier haut de 1531 mètres, dans le triangle formé par le Rhône. Mais, même sachant cela, les vignes ne sont pas forcément faciles à trouver car souvent de petites tailles, nichées entre bois, cultures et prairies, parfois cachées au regard par une colline ou un replis du terrain.
Environ 80 domaines pour la plupart de très petites tailles sont implantés dans cette région et produisent des vins effervescents, à peu près un quart du total, mais aussi et surtout d’excellents vins rouges, rosés et blancs injustement méconnus.



© T. Joly
 Trois terroirs renommés
Les blancs sont élaborés à partir de chardonnay, d’altesse ou de l’un de ces deux cépages assemblé avec molette, jacquère et aligoté. Quant aux rouges, ce sont généralement des vins monocépages issus de pinot noir, de mondeuse ou de gamay. Tous ont droits à l’AOC Bugey, y compris les effervescents, et les blancs issus d’altesse peuvent aussi porter la mention AOC Roussette du Bugey. Trois terroirs réputés pour donner de grands vins peuvent en outre avoir leur nom accolé à aux AOC Bugey et Roussette du Bugey. Le plus important est Montagnieu, situé au bord du Rhône, autour du pittoresque village du même nom qui occupe un éperon rocheux dominant le fleuve. Couvrant une trentaine d’ha exploités par une quinzaine de vignerons, les vignes sont plantées sur un coteau exposé plein Sud et essentiellement encépagées avec altesse, mondeuse et chardonnay.


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 Manicle
Ces raisins sont utilisés pour produire un vin effervescent aux bulles très fines et aux arômes floraux, un rouge 100% mondeuse puissant, riche, complexe, aux arômes de fruits rouges et parfois un nez de violette ainsi qu’une Roussette du Bugey alliant fraîcheur, minéralité et complexité. Des vins que vous pouvez découvrir et déguster au caveau de Franck Peillot ou à la Maison Bonnard, dans le village voisin de Seillonnaz. Second par la taille mais probablement le plus connu, Manicle désigne un terroir de 10 ha situé entre les villages de Cheignieu et Pugieu, à une altitude de 300 – 350 m, au pied d’une falaise qui emmagasine la chaleur dans la journée et la restitue durant la nuit. Aux mains de trois domaines, les vignes sont uniquement encépagées avec pinot noir et chardonnay qui donnent des vins de garde complexes. Les rouges sont élégants avec des arômes de fruits rouges. Les blancs ont des saveurs minérales.


© Aline Perier / Ain Tourisme
 Un vin de 1864
L’un des trois producteurs est André Miraillet, installé à Cheignieu, village qui possède une ancienne maison forte, le château des Eclaz où un vignoble est en cours de restructuration. Vous pouvez découvrir les paysages de cette zone avec un vélorail qui part de la gare de Pugieu et déguster un large éventail de vins de l’AOC au domaine du Plantaz, dans le hameau de Chavillieu. A seulement quelques km, le village de Virieu-le-Grand donne son nom au plus petit de ces trois terroirs. Uniquement encépagé avec de l’altesse, la vigne n’y couvre plus que 1,25 ha. C’est malheureux car il donne de fantastiques Roussettes avec beaucoup de gras et d’arômes capables de vieillir des dizaines d’années. Pour preuve, lors d’une récente dégustation verticale, une bouteille de 1864 s’est avérée un vrai nectar. Le village est également intéressant pour ses vielles maisons, quelques vestiges de fortifications et ses alentours représentatifs des montagnes du Bugey avec la cascade de Cerveyrieu et les gorges de Thurignin toutes deux proches de Belmont-Luthézieu.


© T. Joly
 Le long du Rhône
Ces trois terroirs particuliers sont situés dans les deux secteurs où se trouvent la plupart des vignes de l’AOC Bugey. Le long du Rhône, depuis Vaux-en-Bugey jusqu’à Lhuis et Groslée, trois villages qui recèlent vestiges romains, vieilles maisons, chapelles et églises romanes ainsi que châteaux et fortifications médiévales. Dans le quadrilatère grossièrement formé par les villages de Cheignieu et Virieu-le-Grand, le Grand Colombier, le Rhône et Belley. Cette dernière est la principale ville du Bugey et le lieu de naissance de Brillat-Savarin, l’une des grandes figures de la gastronomie française dont la maison est ouverte au public. Possédant également un superbe palais épiscopal du 18e siècle et une cathédrale du 15e siècle, c’est une base parfaite pour explorer les environs. Au Nord se trouvent en effet les plus importants producteurs de l’appellation qui figurent aussi parmi les meilleurs. Charmant village blotti autour d’une église du 14e siècle, Marigneu abrite la Maison Angelot qui produit tous les types de vins de l’AOC et un sentier pédestre a été aménagé à travers les vignes.


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 Musée du vin
Un peu plus au loin, Vongnes est un pittoresque village avec une chapelle gothique, un château du 17e siècle et pour les amateurs de vins les deux autres domaines ayant des vignes sur le terroir de Manicle : le Domaine Monin et le Caveau Bugiste. Groupement de six vignerons, ce dernier élabore pas moins d’une trentaine de vins différents de presque toutes les zones de l’appellation, dont la très rare Roussette de Virieu. Il possède également un musée dédié aux traditions viticoles du Bugey comprenant notamment une importante collection de tire-bouchons. Enfin, terminez cette découverte des vins du Bugey à Culoz où dans les années 20 le célèbre compositeur Prokofiev séjourna dans le château médiéval de Montvéran pour trouver l’inspiration. À la sortie de la ville, sur les premiers contreforts du Grand Colombier, les vignes du domaine de Bel Air procurent de belles vues sur le Rhône, les Alpes et en contrebas le marais de Lavours, l’une des plus grandes zones humides d’Europe que l’on peut explorer grâce à un sentier.

27 Mars 2015
Thierry Joly